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Nos troupes doivent quitter l’Irak

par Walter Cronkite et David Krieger


Publié le 5 décembre 2007

Publié le 4 décembre 2007 par CommonDreams.org.

Texte traduit de l’américain en français par ACDN.


Le peuple américain ne soutient plus la guerre d’Irak. La guerre est poursuivie par un président qui s’entête, comme Lyndon Johnson et Richard Nixon pendant la guerre du Vietnam, parce qu’il ne veut pas perdre. Mais depuis le début, cette guerre irréfléchie et mal conduite n’a fait, comme la guerre du Vietnam, qu’amoindrir le respect porté à l’Amérique. Nous avons le sentiment que M. Bush aimerait la faire durer assez longtemps pour pouvoir la passer à son successeur.

La guerre d’Irak nous rappelle cette tragédie que fut la guerre du Vietnam. Toutes deux ont commencé par des assertions mensongères du président au peuple américain et au Congrès. Comme au Vietnam, la guerre d’Irak a mis à l’honneur un nouveau vocabulaire : « crainte et tremblement », « mission accomplie », « les renforts ». Comme au Vietnam, nous avons détruit des cités en vue de les sauver. Ce n’est pas une stratégie pour gagner.

L’administration Bush a tenté de rapprocher la fin de la guerre en engageant davantage de troupes, mais davantage de troupes ne résoudront pas le problème. Nous nous sommes aliéné les cœurs et les esprits du peuple irakien, et la victoire ne semble même plus être une éventualité loitaine. Il est temps d’en finir avec notre occupation de l’Irak et de ramener les troupes à la maison.

Pendant cette guerre il n’y a eu que des décomptes partiels de cadavres. Selon certains rapports, plus d’un million d’Irakiens sont morts de la guerre. Ces rapports ne peuvent être corroborés, puisque l’armée US ne rend pas public le nombre d’Irakiens tués ou blessés. Selon d’autres rapports, quelque quatre millions d’Irakiens ont été déplacés et sont réfugiés soit à l’étranger, soit à l’intérieur de leur propre pays. Les Irakiens ayant les moyens de quitter leur pays l’ont quitté. Ils ont peur. Ils ne font pas confiance aux Américains, à leur alliés ou à leurs mercenaires, pour les protéger, eux et leurs intérêts.

Nous en savons plus sur le nombre de soldats américains morts en Irak. Quelque 4000 d’entre eux ont été tués dans cette guerre, environ un tiers de plus que le nombre de victimes des attaques terroristes du 11 septembre. Et quelque 28 000 soldats américains ont subi des blessures incapacitantes. Bien plus nombreux encore sont ceux ayant subi un traumatisme de guerre avec lequel il leur faudra vivre le reste de leur vie - d’une manière qui aura de graves effets non seulement sur leur vie et les vies de ceux qu’ils aiment, mais sur la société dans son ensemble. Les ressources qui leur sont attribuées étant déplorablement insuffisantes, nos soldats blessés ne reçoivent pas les traitements médicaux et les soins mentaux qu’ils méritent.

L’invasion de l’Irak était illégale dès le départ. Non seulement on a menti au Congrès afin de s’assurer de son soutien à l’invasion de l’Irak, mais la guerre n’a pas obtenu l’approbation du Conseil de sécurité des Nations Unies. C’était donc une guerre d’agression, lancée sous le faux prétexte d’armes de destruction massive. Des armes de destruction massive, il n’y en avait pas en Irak. L’affirmation selon laquelle il existait une relation entre l’Irak et Al Qaeda n’a pas davantage été prouvée. Pour finir, la démocratie n’a pas été établie en Irak. Son gouvernement est toujours obligé de se plier à la volonté de l’administration américaine.

Tout ce que la guerre a réussi à faire, c’est à saper la crédibilité des Etats-Unis à travers le monde, à affaiblir nos forces armées, à ronger les droits du citoyen que la loi fondamentale nous reconnaissait. Le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz a calculé que la guerre coûte au contribuable américain plus de mille milliards de dollars. La continuation de cette guerre pourrait faire doubler ce chiffre. A chaque minute qui passe, nous dépensons en Irak 500 000 dollars. Nos pertes sont incalculables. Il est temps de retirer nos forces armées d’Irak.

Nous devons nous demander si continuer cette guerre profite au peuple américain ou nous affaiblit. Nous devons nous demander si continuer cette guerre profite au peuple irakien ou lui inflige de plus grandes souffrances. Nous pensons que la réponse à ces questions est que les deux peuples, américain et irakien, tireraient profit d’une cessation de la présence militaire américaine en Irak.

Aller de l’avant n’est pas compliqué, mais exigera du courage. Première étape, procéder au retrait rapide des troupes US d’Irak et transférer la responsabilité de la sécurité aux forces irakiennes. Deuxième étape, fermer nos bases militaires en Irak et rendre le pétrole irakien aux Irakiens. Troisième étape, fournir aux Irakiens les moyens financiers de reconstruire les infrastructures détruites par la guerre.

Le Congrès doit agir. Bien que le Congrès n’ait jamais déclaré la guerre, comme le requiert pourtant la Constitution, ses membres ont donné au président l’autorisation d’envahir l’Irak. Le Congrès doit maintenant lui retirer cette autorisation et cesser de financer la guerre.

Au demeurant, il est peu probable que le Congrès agisse ainsi, à moins que les américains ne fassent entendre leur voix avec une clarté sans équivoque. C’est de cette manière que la guerre du Vietnam a été conduite à sa fin. C’est de cette manière que la guerre d’Irak sera conduite à sa fin. La seule question est de savoir si ce sera maintenant, ou si la guerre va traîner en longueur, avec toutes les souffrances que cela implique, pour aboutir à une défaite encore plus tragique, coûteuse et dégradante. Nous serons un pays meilleur, plus fort et plus décent en ramenant nos troupes à la maison maintenant.


Walter Cronkite a été pendant de longues années le présentateur principal du journal du soir de la chaîne de télévision CBS. David Krieger est président de Nuclear Age Peace Foundation, la Fondation pour la Paix à l’Age Nucléaire.

Reproduction totale ou partielle autorisée en français avec indication de la source et lien actif vers ce site www.acdn.net.

Voir également la lettre d’ACDN au président de la République, au Premier ministre et au ministre des affaires étrangères, en date du 30 novembre 2007.