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Festival "Désarmer pour vivre" (Saintes 6-9 août 2024) Publié le 19 août 2024 Le 2e Festival "Désarmer pour vivre" s’est déroulé comme prévu à Saintes du 6 au 9 août 2024. Il était organisé par l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN) avec le soutien du réseau "Sortir du Nucléaire", de la Ligue des Droits de l’Homme, de Pugwash-France et de plusieurs institutions, dont la Ville de Saintes. Le programme s’est déroulé avec succès sur quatre jours, à la satisfaction de tous les intervenant(e)s et participant(e)s, dont on aurait juste souhaité qu’ils soient un peu plus nombreux. Comme chaque année depuis 2001, Saintes, ville membre du réseau Abolition 2000 et des Maires pour la Paix, a commémoré les victimes des bombes d’Hiroshima et de Nagasaki en rallumant la Flamme du désarmement nucléaire du 6 au 9 août. Comme chaque année, les maires de ces deux villes ont envoyé chacun un message d’encouragement et de remerciement aux organisateurs. Mais pour la première fois, sept "élus de terrain" - deux députés, cinq maires ou maires-adjoints, ont honoré de leur présence le concert et la cérémonie d’ouverture. Ils ont signé ensemble une lettre au président de la République lui demandant que la France initie des négociations en vue d’abolir les armes nucléaires et radioactives. Lettre aussitôt déposée en cortège à la sous-préfecture puis envoyée à l’Elysée par voie informatique.
A défaut de réponse positive de son haut destinataire, cette lettre pourrait inspirer une campagne nationale parlementaire et citoyenne pour obtenir un référendum d’initiative partagée (RIP) portant sur le même sujet. L’année parlementaire qui s’ouvrira bientôt, avec l’exigence renforcée d’une véritable démocratie, devrait s’emparer du sujet pour en faire l’objet d’une première consultation populaire, sachant que le peuple français n’a jamais été consulté sur la création, l’entretien et la modernisation perpétuelle de la "force de frappe" nucléaire, dite "force de dissuasion". La question n’est pas seulement existentielle, elle a également un impact considérable sur le budget militaire et les autres budgets de la nation, notamment social, sanitaire et environnemental. *** C’est à la fois un honneur et un plaisir pour moi de vous adresser ce message à l’occasion de la "Commémoration des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki". Il y a 79 ans, une seule bombe atomique a instantanément réduit notre ville en une plaine brûlée, faisant d’innombrables victimes. Les vies de ceux qui ont réussi à survivre sont toujours affectées par les conséquences néfastes des radiations sur leur esprit et sur leur corps. Les chefs d’État qui ont participé en mai dernier au sommet du G7 à Hiroshima ont visité le Mémorial et ont pu parler avec un hibakusha. Après avoir ainsi touché du doigt les réalités du bombardement atomique, ils ont rédigé dans le livre d’or des messages de paix. Alors qu’ils se tenaient devant le Cénotaphe des Victimes de la bombe A, j’ai eu l’opportunité de leur transmettre l’esprit d’Hiroshima qui inspire l’inscription du cénotaphe. Endurant le deuil passé, surmontant la haine, nous aspirons à une véritable paix mondiale avec toute l’humanité, pour vivre en harmonie et dans la prospérité. Je crois qu’ils sont repartis avec notre esprit au fond du cœur. Cependant, il n’y a aucun signe d’une fin de la guerre en Ukraine ; de nombreux décideurs et même des opinions publiques ont tendance à exprimer une certaine compréhension pour un renforcement de la dissuasion nucléaire. Ces circonstances vont à l’encontre du désir de paix que les villes atomisées ont continué d’exprimer. C’est pourquoi, au sein de la société civile, chacun de nous doit embrasser la générosité et l’amour de l’humanité incarnés dans ce message des hibakusha : "Personne d’autre ne doit jamais souffrir comme nous l’avons fait". Il sera de plus en plus important pour nous d’exhorter les décideurs à abandonner la dissuasion nucléaire au profit d’un monde pacifique qui refuse de compromettre la dignité et la sécurité des personnes. À cette fin, il est vital de construire un environnement social au sein duquel nos rêves et nos espoirs animent notre vie quotidienne par l’assistance ou la participation à la musique, à l’art, au sport et à d’autres activités qui transcendent la langue, la nationalité, la croyance et le genre. De ce fait, rien ne saurait être plus significatif que ce que vous avez organisé pour commémorer les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, et je vous exprime mon plus profond respect. Les Maires pour la Paix, avec plus de 8400 villes membres à travers le monde, entendent promouvoir mondialement la culture de la paix, grâce aux échanges entre citoyens. Notre objectif est de créer un contexte tel que notre commun désir de paix parvienne à atteindre le cœur des décideurs politiques et contribue ainsi à construire une communauté internationale qui maintiendra la paix sans compter sur la force militaire. J’aimerais vous demander d’agir solidairement avec nous, alors que nous nous efforçons d’éliminer les armes nucléaires et de réaliser une paix durable dans le monde. Pour terminer, je vous adresse mes meilleurs vœux pour le succès de cet événement, ainsi que pour la santé et le bonheur de tous ses participants. Le 6 août 2024 MATSUI Kazumi *** Intervention de Marie-Line Cheminade,1ère Adjointe au Maire de Saintes, à la cérémonie du 6 août 2024 Chers concitoyens, chers amis, En tant que Maire-Adjointe de Saintes, ville messagère de la paix, je veux redire aujourd’hui, en réponse au traditionnel message du maire d’Hiroshima, qu’il est de notre devoir de nous souvenir et de transmettre la mémoire de cette tragédie aux générations futures. Nous devons absolument tirer les leçons du passé pour construire un avenir meilleur. Le 6 août 1945 à Hiroshima, puis le 9 août à Nagasaki, le monde a découvert avec effroi la puissance dévastatrice de l’arme nucléaire. En quelques instants, des vies ont été brisées, des familles déchirées, des villes entières rayées de la carte. Les survivants, les "hibakusha", portent encore aujourd’hui les séquelles de cette tragédie. Mais de ces cendres est née une volonté inébranlable de paix. À Saintes, nous sommes fiers de porter ce message de paix. Notre engagement dans le réseau "Maires pour la Paix" qui rassemble 8000 villes dans le monde, témoigne de notre détermination à œuvrer pour un monde sans armes nucléaires. Les activités d’ONG telles que celle-ci et d’organisations citoyennes jouent un rôle important pour accélérer le mouvement en faveur de la dénucléarisation mondiale. A l’heure où l’utilisation d’armes nucléaires n’est pas une peur sans fondement, mais une crise réelle et actuelle, gardons bien à l’esprit que l’arme nucléaire marque le recul de l’humanité qui joue en permanence avec un pistolet chargé. C’est pourquoi nous devons rester vigilants face aux menaces qui pèsent encore sur notre monde. La paix n’est pas acquise, elle se construit chaque jour, dans nos villes, nos quartiers, nos écoles. Si l’objectif de maintien de la paix dans le monde est généralement l’apanage des nations, chacun, à son niveau, peut s’approprier le combat des esprits. Méfions-nous des discours établis sur des contre-vérités et des solutions simplistes qui opposent les uns aux autres. Ils viennent nourrir les « séparatismes » de toutes sortes, lesquels constituent des ferments de conflits. Alors aujourd’hui rassemblés, exprimons notre compassion pour les victimes et leurs familles, mais aussi l’espérance dans l’avènement tant attendu de la Paix dans cette région du monde. En ce jour de commémoration, nous devons réaffirmer notre engagement pour la paix et le désarmement nucléaire. Souvenons-nous des victimes d’Hiroshima et Nagasaki. Dans cet esprit, je citerai l’acte constitutif de l’UNESCO qui affirme : « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » La tâche est immense, mais elle est nécessaire. C’est un combat que nous devons gagner. Ensemble, construisons un avenir de paix pour nos enfants et les générations futures. Sans progrès, il n’y a pas de paix ; sans paix, il n’y a pas de progrès ! Je vous remercie. *** Intervention de Fabrice BARUSSEAU, député de Saintes et Saint Jean d’Angély Quand j’ai appris qu’aucun député depuis 2016 n’avait participé à cette cérémonie de la Flamme du désarmement nucléaire à Saintes, je me suis posé la question « Y a-t-il une chose plus vitale, plus urgente, plus mondiale, que d’éradiquer la possibilité d’un conflit atomique ? ». Au citoyen de la Terre, au papa de 4 enfants, à l’élu que je suis, il est venu une réponse immédiate. Oui, une autre urgence existe, un autre fléau avance, aux dégâts à peine imaginables à l’échelle planétaire. Je veux bien entendu parler du dérèglement climatique … du « drame » climatique devrait-on dire ! Car la vie des humains est déjà impactée : sécheresses et pluies diluviennes, chaleurs insurmontables et incendies géants, tempêtes et pollutions mortelles. Ces cataclysmes ont des conséquences directes sur le maintien de la Paix dans le monde : déplacement des populations, pénuries alimentaires, désastres sanitaires, inégalités criantes, enjeux de territoires et flambées de violence. Non, la Paix n’existe pas, ici et plus loin, quand les familles meurent de faim, quand les peuples perdent leur autonomie, quand ce qu’ils ont de plus précieux : l’air, le sol, le sous-sol et l’eau, est dégradé, détruit, ou soumis au dictat de l’économie. Alors, de l’arme atomique ou du drame climatique, que devons-nous le plus craindre ? Il n’y a pas à choisir, mais à agir. A ne pas cultiver, chaque fois que nous le pouvons, la fraternité et la sororité, que risquons-nous ? L’histoire, la grande histoire, nous donne la réponse : c’est la guerre, ou plutôt les guerres, en France, en Europe, partout. Cette histoire des peuples et des nations, il faut nous en souvenir, l’enseigner dans les écoles, la transmettre de génération en génération, en la racontant à notre manière, de parents, grands-parents, à enfants, afin que notre mémoire et notre conscience soient intimement touchées par ce que signifie la mort donnée par acte de violence. Il y a seulement quelques jours, à la Ferme des Mesnards sur la commune du Douhet, j’ai assisté à une cérémonie en l’honneur du maquisard Noël Boileau, exécuté par les allemands-nazis en juillet 1944. Des témoignages entendus ce jour-là, j’ai retenu cette chose essentielle : l’histoire est faite de gens qui s’engagent corps et âme au service de leurs convictions. Si je suis parmi vous ce matin, c’est pour défendre la liberté, l’égalité, la paix en Europe et partout dans le monde, et j’ai l’intime conviction qu’en aucun cas, l’arme atomique ne sert ces causes-là. C’est pourquoi, je soutiens la négociation de ce prérequis indispensable qu’est l’élimination complète et contrôlée des armes nucléaires avec les autres Etats qui en sont dotés. Je tiens à saluer les organisateurs et les partenaires de ces 4 jours de festival "Désarmer pour vivre". En choisissant de mêler arts, informations, débats, cet événement place l’intelligence et la sensibilité comme les vrais pouvoirs pour construire ensemble un monde meilleur, un monde vivant, un monde du respect. En ce 6 aout 2024, je suis particulièrement fier d’être devant vous pour porter en tant que député, une parole de paix, pour une société juste, dans un monde durable. Merci. *** Message du Maire de Nagasaki, Shiro Suzuki, Au nom des citoyens de Nagasaki, j’aimerais adresser ce message à la cérémonie de la « flamme du désarmement nucléaire ». Je tiens tout d’abord à exprimer mes sincères respects à la ville de Saintes, à l’ACDN et à tous ceux qui ont participé à l’organisation de cet événement pour leurs efforts de longue date en vue de l’abolition des armes nucléaires. En tant que membre des Maires pour la paix, je tiens également à exprimer ma gratitude à M. Bruno Drapron, maire de Saintes, pour son travail diligent auprès des activités des Maires pour la paix. À 11 h 02, le 9 août 1945, Nagasaki est dévastée en un instant par une seule bombe atomique. Plus de 150 000 personnes sur 240 000 ont été tuées ou blessées. Ceux qui ont survécu de justesse ont été laissés avec des cicatrices physiques et mentales, et beaucoup continuent à souffrir des effets secondaires de la radiation. La menace des armes nucléaires n’est pas seulement un problème passé d’Hiroshima et de Nagasaki, mais un « problème présent et futur » auquel le monde est confronté. Pour que personne d’autre dans le monde n’ait à vivre la tragédie d’un bombardement atomique, nous, les citoyens de Nagasaki, y compris les survivants de la bombe atomique, continuons de plaider en faveur d’un monde sans armes nucléaires. Nous croyons que ce message atteindra plus de gens si des personnes en dehors d’Hiroshima et de Nagasaki envoient ce genre de message. Dans ce contexte, il est vraiment significatif que vous organisiez cet événement en France pour appeler à l’abolition des armes nucléaires et pour commémorer les victimes des bombardements atomiques en lien avec les 6 et 9 août 1945, les seuls cas où des bombes atomiques ont été utilisées pendant la guerre. En outre, nous espérons que cet événement incitera de nombreuses personnes à réfléchir à ce qu’elles peuvent faire pour la paix et les aidera à avancer. La ville de Nagasaki continuera à plaider pour la réalisation d’un monde sans armes nucléaires. J’espère sincèrement que nous continuerons à travailler avec vous en tant que partenaire important partageant le même objectif et que nous transmettrons un bâton de paix à la prochaine génération. En terminant, je vous présente mes meilleurs voeux pour le succès de la "Flamme du désarmement nucléaire" et je prie pour votre santé et votre bonheur à tous. Shiro SUZUKI ***
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