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La Lettre N°13
La bombe brésilienne


Publié le 1er septembre 2005

Le Brésil fait partie des 44 pays dûment recensés par le Traité d’Interdiction Complète des Essais nucléaires (TICE, ou CTBT en anglais) comme disposant des capacités, technologiques et autres, de construire une bombe atomique. On savait qu’il en avait été fortement tenté du temps des généraux -ainsi d’ailleurs que l’Argentine- et l’on croyait savoir que ses efforts en ce sens étaient allés assez loin. On n’imaginait pas jusqu’à quel point.

En effet - s’il se confirme que les révélations de Jose Luiz Santana, ex-président de la Commission Nationale de l’Energie Nucléaire, qu’on trouvera ci-dessous résumées d’après une dépêche de l’Associated Press, sont exactes- à un mois près l’armée brésilienne aurait fait exploser une bombe... au terme d’efforts poursuivis pendant plus de 5 ans à l’insu du pouvoir politique et malgré son interdiction !

A défaut d’une véritable bombe, c’est véritablement une bombe médiatique qui éclate à présent. Certes, on vient de le dire, il s’agit là d’affirmations qui demandent à être confirmées. Leur crédibilité n’en est pas moins sérieuse. D’abord, parce que quelques semaines avant Santana, l’ancien président du Brésil Fernando Collor avait lui-même confirmé la réalité du programme nucléaire des militaires, qu’il découvrit et supprima en leur succédant au pouvoir en 1985. Ensuite, parce qu’on voit mal a priori quels motifs pourraient pousser un savant nucléaire à raconter des fariboles, alors qu’il ne peut pas ne pas savoir à quels dangers ses déclarations l’exposent. Son refus de nommer aussi bien le pays étranger qui selon lui a fourni à l’armée brésilienne la quantité d’uranium enrichi de qualité militaire nécessaire pour constituer la masse critique d’une bombe (une dizaine de kilos) que les responsables militaires de cette opération illégale -autant dire les coupables- s’interprète plus facilement comme une mesure de protection de sa propre personne que comme la marque de déclarations fantaisistes.

Le démenti opposé par la CNEN aux dires de son ancien président vaut ce que valent les démentis officiels. On remarquera d’ailleurs qu’elle ne récuse pas, en tout cas dans le résumé qu’en donne Associated Press, le fond même des assertions de son ancien chef, mais affirme seulement qu’il n’existe (plus ?) dans les archives de l’institution aucun document qui en apporterait la preuve. L’absence de preuve ne vaut pas preuve du contraire, et rien n’est plus facile que de faire disparaître des documents « sensibles ». Donc, même si les enjeux sont tels qu’on puisse l’imaginer manipulée, l’actuelle CNEN peut être de bonne foi, son ancien président l’être aussi, et les allégations de ce dernier, exactes.

Pour autant que le témoignage de Jose Luis Santana soit confirmé, quelles leçons pourrait-on tirer ? Pas mal de choses. Entre autres :

- que la tentation de se procurer l’arme nucléaire est très forte pour un pays souhaitant s’affirmer sur la scène régionale et internationale

- que cette tentation est d’autant plus forte que son régime est autoritaire, militaire ou dictatorial

- que les manœuvres visant à se procurer l’arme se font dans le plus grand secret, à l’insu de l’opinion publique du pays concerné, et peuvent même se faire dans le dos de son gouvernement légal

- qu’elles bénéficient de complicités étrangères, et qu’il existe une sorte d’« internationale de la prolifération » dont la filière pakistanaise, la plus connue, n’est qu’un exemple parmi d’autres

- que néanmoins l’action déterminée de quelques personnes s’appuyant sur un choix clair du pouvoir politique et visant à faire respecter la légalité peut faire échec -au moins provisoirement- à la prolifération

- que le succès de cette action est des plus aléatoires, dans un monde où la recherche de la puissance sous toutes ses formes est en inflation constante tandis que l’arme nucléaire est à la fois l’emblème et l’instrument suprême de cette puissance

- qu’en conséquence la prolifération n’est pas irrésistible, mais qu’elle est loin de relever du fantasme et qu’elle devient statistiquement de plus en plus probable

- que la seule façon d’y mettre un terme, c’est de décider l’élimination de toutes les armes nucléaires.

Toujours sous réserve d’authentification des dires de M. Santana, on serait curieux de savoir quel pays avait fourni aux militaires brésiliens leur uranium enrichi. Et ce que ceux-ci envisageaient de faire après avoir fait exploser leur bombe. Apparemment, ils n’en avaient pas d’autre immédiatement disponible. Mais ils se seraient sûrement bien gardés de le dire, comme les Américains se gardèrent de dire en 1945 que la bombe de Nagasaki était la dernière de leur stock. On peut imaginer plusieurs usages politiques d’un essai souterrain réussi dans de telles conditions. Les militaires auraient pu le garder secret -du moins au niveau de l’opinion publique car les services de renseignement et les gouvernements des grandes puissances en auraient très certainement eu connaissance- et poursuivre leur programme en l’imposant au gouvernement brésilien comme un fait accompli. Ils auraient pu, au contraire, l’annoncer bruyamment, posant ainsi le Brésil en puissance nucléaire, se posant eux-mêmes en héros de la nation, et s’imposant au pouvoir politique d’une manière plus ou moins radicale. L’exemple brésilien aurait sans doute été suivi -par l’Argentine, pourquoi pas- et l’histoire du cône sud-américain, aujourd’hui encore exempt d’armes nucléaires (autant qu’on sache, bien sûr), aurait elle-même suivi de tout autres voies. Pas forcément au bénéfice de la démocratie, on s’en doute.

Or, par la faute des cinq puissances nucléaires parties au TNP qui ne respectent pas leur engagement pris à l’article 6 d’éliminer leurs propres arsenaux, la tentation demeure, et par la faute de l’article 4 du TNP qui encourage la prolifération du nucléaire civil, les moyens d’y succomber continuent de se répandre.

Jean-Marie Matagne


Lisez la dépèche de l’ Associated Press titrée ’Selon un savant, le Brésil a failli construire une bombe atomique’


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