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Discours du Président Obama à Hiroshima le 27 mai 2016


Publié le 29 mai 2016

Transcription du discours prononcé par le Président Obama à Hiroshima, le 27 mai 2016, d’après l’enregistrement du New York Times. Traduction non officielle.

Barack Obama est le premier président des Etats-Unis en exercice à se rendre à Hiroshima depuis le bombardement atomique de cette ville et celui de Nagasaki par les Américains.

Ce beau discours pétri d’humanité appellerait sans doute une longue exégèse.

Barack Obama affirme : « Nous devons avoir le courage de nous soustraire à la logique de peur et de construire un monde sans armes nucléaires. » Il n’en reste pas moins le commandant en chef de l’un des deux plus grands arsenaux nucléaires du monde, un arsenal dont il a approuvé la modernisation à l’aide de milliards de dollars. Il était suivi pendant tout son voyage en Asie, donc aussi à Hiroshima, par la valise nucléaire des Etats-Unis, qui pourrait détruire toute civilisation et toute vie sur terre.

La question est donc de savoir de quels actes ce discours sera suivi.



Les valises nucléaires transportées à la Maison Blanche pour le voyage d’Obama en Asie. Photo AFP


Le Président Obama a pris la parole après une cérémonie de dépôt de gerbes avec le Premier ministre du Japon Shinzo Abe, au Mémorial de la Paix d’Hiroshima, vendredi 27 mai. Photo Doug Mills/The New York Times

***
Il y a 71 ans, par un matin lumineux et sans nuage, la mort est tombée du ciel, et le monde a changé. Un éclair aveuglant et un mur de feu ont détruit une ville et prouvé que l’humanité possédait les moyens de se détruire elle-même.

Pourquoi venir en ce lieu, Hiroshima ? Nous venons ici pour réfléchir à cette terrible force déchaînée il n’y a pas si longtemps. Nous venons pour pleurer les morts, parmi lesquels plus de 100 000 Japonais, hommes, femmes, enfants, des milliers de Coréens, une dizaine de prisonniers américains.

Leurs âmes nous parlent. Elles nous demandent de tourner notre regard vers l’intérieur de nous-mêmes, d’examiner ce que nous sommes et ce que nous risquons de devenir.

Ce n’est pas le fait de guerre qui met à part Hiroshima. Les restes archéologiques nous disent que la violence est apparue avec le premier homme lui-même. Nos plus lointains ancêtres, ayant appris à faire des lames avec du silex et des lances avec du bois, ne se sont pas seulement servis de ces outils pour chasser, mais aussi contre leur propre espèce. Sur tous les continents, l’histoire de la civilisation est remplie de guerres, que ce soit par manque de grain ou par soif d’or, par ferveur nationaliste ou par zèle religieux. Des empires se sont élevés et se sont effondrés. Des peuples ont été mis sous le joug et se sont libérés. Et en chaque occasion, des innocents ont souffert, innombrables ; leurs noms ont sombré dans l’oubli.

La guerre mondiale qui a pris brutalement fin à Hiroshima et Nagasaki a opposé les nations les plus riches et les plus puissantes. Leurs civilisations avaient donné au monde de grandes cités et des œuvres d’art magnifiques. Leurs penseurs avaient fait avancer les idées de justice, d’harmonie, de vérité. Et cependant la guerre a surgi du même instinct basique de domination ou de conquête qui avait provoqué des conflits entre les tribus les plus simples, un vieux schème de comportement amplifié par de nouvelles capacités dépourvues de nouvelles contraintes.

En l’espace de quelques années, 60 millions de personnes allaient mourir. Des hommes, des femmes, des enfants, pas différents de nous. Abattus, battus, mis au pas, bombardés, emprisonnés, affamés, gazés à mort. Il y a bien des sites à travers le monde qui tiennent la chronique de cette guerre, des lieux de commémoration qui racontent des histoires de courage et d’héroïsme, des tombes et des camps vides qui résonnent d’une indicible dépravation.

Mais avec l’image du champignon qui s’éleva dans ces cieux, nous sommes encore plus violemment saisis par la contradiction qui est au cœur de l’humanité. L’étincelle même qui nous distingue en tant qu’espèce, nos pensées, notre imagination, notre langage, notre outillage, notre aptitude à nous détacher de la nature pour la plier à notre volonté – toutes ces choses nous donnent aussi une capacité de destruction sans égale.

Combien de fois le progrès matériel ou l’innovation sociale ne nous rendent-ils pas aveugles à cette vérité ? Comme il nous est facile de justifier la violence au nom de quelque cause supérieure !

Chaque grande religion promet de nous montrer le chemin de l’amour, de la paix, de la droiture, et pourtant il n’a été épargné à aucune religion d’avoir des croyants qui ont usé de leur foi comme d’un permis de tuer.

Les nations racontent une histoire qui lie les gens entre eux pour le sacrifice et la coopération, permettant ainsi des prouesses remarquables. Mais les mêmes histoires ont trop souvent servi à opprimer et déshumaniser ceux qui sont différents.

La science nous permet de communiquer à travers les mers et de voler au-dessus de nuages, de soigner la maladie et de comprendre le cosmos, mais ces mêmes découvertes peuvent servir à faire des machines à tuer toujours plus efficaces.

Les guerres de l’âge moderne nous enseignent cette vérité. Hiroshima nous enseigne cette vérité. Le progrès technologique sans progrès équivalent dans les institutions humaines peut sceller notre perte. La révolution scientifique qui a conduit à la fission de l’atome requiert aussi une révolution morale.

Voilà pourquoi nous sommes venus en ce lieu. Debout ici au milieu de cette ville, nous nous forçons à imaginer le moment où la bombe est tombée. Nous nous forçons à ressentir l’effroi des enfants désemparés par ce qu’ils voient. Nous écoutons ce cri silencieux. Nous repensons à tous ces innocents tués tout au long de cette terrible guerre, et des guerres qui l’avaient précédée, et des guerres qui allaient suivre.

De simples mots ne peuvent rendre une telle souffrance. Mais nous avons la responsabilité partagée de regarder l’histoire dans les yeux et de nous demander comment agir différemment pour juguler le retour d’une telle souffrance.

Un jour, les voix des hibakusha ne seront plus parmi nous pour porter témoignage. Mais la mémoire de ce matin du 6 août 1945 ne devra jamais s’effacer. Cette mémoire nous aide à combattre la complaisance. Elle nourrit notre imagination morale. Elle nous permet de changer.

Et depuis ce jour fatidique, nous avons fait des choix qui nous donnent de l’espoir. Les Etats-Unis et le Japon n’ont pas forgé seulement une alliance, mais une amitié qui a permis à nos peuples de gagner bien plus que tout ce que nous pourrions jamais prétendre obtenir par la guerre. Les nations de l’Europe ont construit une union qui a remplacé les champs de bataille par des liens commerciaux et démocratiques. Des peuples et des nations opprimés ont obtenu leur libération. Une communauté internationale a établi des institutions et des traités qui travaillent à éviter la guerre et aspirent à restreindre, réduire et pour finir éliminer l’existence des armes nucléaires.

Malgré tout, chaque acte d’agression entre les nations, chaque acte de terreur, de corruption, de cruauté, d’oppression que nous voyons à travers le monde nous montre que notre travail n’est jamais terminé. Nous ne pouvons peut-être pas éliminer la capacité de l’homme à faire le mal, c’est pourquoi les nations et les alliances que nous formons doivent posséder les moyens de nous défendre nous-mêmes. Mais parmi les nations qui, comme la mienne, détiennent des arsenaux nucléaires, nous devons avoir le courage de nous soustraire à la logique de peur et de poursuivre un monde sans elles.

Il se peut que nous ne réalisions pas ce but de mon vivant, mais un effort persistant peut faire reculer la possibilité de catastrophe. Nous pouvons tracer la voie qui conduira à la destruction de ces arsenaux. Nous pouvons arrêter leur propagation à de nouvelles nations et mettre les matériaux mortels à l’abri des fanatiques.

Mais cela ne suffit pas encore. Car nous voyons aujourd’hui à travers le monde comment même les fusils les plus rudimentaires et les barils d’explosifs peuvent servir la violence à une terrible échelle. Nous devons changer notre état d’esprit à l’égard de la guerre elle-même. Prévenir le conflit par la diplomatie, s’efforcer de mettre fin aux conflits lorsqu’ils ont commencé. Voir dans notre interdépendance croissante un facteur de coopération pacifique et de compétition non-violente. Définir nos nations non pas par notre capacité à détruire mais par ce que nous construisons. Et peut-être, par-dessus tout, nous devons réinventer notre rapport de l’un à l’autre comme membres d’une seule race humaine.

Car cela, aussi, est ce qui rend unique notre espèce. Nous ne sommes pas tenus par notre code génétique à répéter les erreurs du passé. Nous pouvons apprendre. Nous pouvons choisir. Nous pouvons raconter à nos enfants une histoire différente, une histoire qui décrit une commune humanité, qui rend la guerre moins probable et la cruauté moins facilement acceptable.

Nous voyons ces histoires chez les hibakusha. La femme qui a pardonné au pilote de l’avion ayant largué la bombe atomique, parce qu’elle a reconnu que ce qu’elle détestait vraiment, c’était la guerre elle-même. L’homme qui a cherché les familles des Américains tués ici, parce qu’il croyait que leur perte équivalait à la sienne.

L’histoire de ma propre nation a commencé avec ces mots simples : Tous les hommes sont créés égaux et dotés par notre créateur de certains droits inaliénables, dont la vie, la liberté et la poursuite du bonheur. Réaliser cet idéal n’a jamais été facile, même à l’intérieur de nos frontières, même entre nos concitoyens. Mais s’y tenir est digne d’effort. C’est un idéal qu’il faut s’efforcer d’atteindre, un idéal qui s’étend à travers les continents et les océans. La valeur irréductible de chaque personne, la conviction que chaque vie est précieuse, la notion radicale et nécessaire que nous faisons partie d’une seule et même famille humaine – voilà l’histoire que nous devons tous raconter.

Voilà pourquoi nous sommes venus à Hiroshima. C’est comme quand nous pensons aux gens que nous aimons. Le premier sourire de nos enfants le matin. La caresse d’une épouse par-dessus la table de la cuisine. L’étreinte réconfortante d’un parent. Nous pouvons penser à ces choses et savoir que les mêmes précieux moments se sont produits ici, il y a 71 ans.

Ceux qui sont morts, ils sont comme nous. Les gens ordinaires comprennent cela, je pense. Ils ne veulent plus de guerre. Ils préféreraient que les merveilles de la science soient consacrées à améliorer la vie, pas à l’éliminer. Quand les choix faits par les nations, quand les choix faits par les dirigeants reflètent cette sagesse toute simple, alors la leçon d’Hiroshima est tirée.

Ici, le monde a été changé pour toujours, mais aujourd’hui les enfants de cette ville vont vivre une journée de paix. Comme cela est précieux ! Cela mérite d’être protégé et étendu à tous les enfants du monde. Tel est l’avenir que nous pouvons choisir, un avenir où Hiroshima et Nagasaki seront connus non comme l’aube de la guerre atomique mais comme le début de notre propre éveil moral.

***
Traduction : Jean-Marie Matagne

Source

***
REMARQUES

Bien qu’il évoque beaucoup l’histoire, le président Obama ne s’étend pas sur celle des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. A ce sujet, voir :
- HIROSHIMA, NAGASAKI : une histoire méconnue et des leçons plus que jamais d’actualité

Le passage le plus convaincant de son discours est peut-être celui-ci, qui arrive à la fin :
"Ceux qui sont morts, ils sont comme nous. Les gens ordinaires comprennent cela, je pense. Ils ne veulent plus de guerre. Ils préféreraient que les merveilles de la science soient consacrées à améliorer la vie, pas à l’éliminer. Quand les choix faits par les nations, quand les choix faits par les dirigeants reflètent cette sagesse toute simple, alors la leçon d’Hiroshima est tirée."

« Un monde sans armes nucléaires » ? Oui, nous le pouvons ! Mais 71 ans après Hiroshima et 7 ans après le discours de Prague, il est grand temps de passer des paroles aux actes.

L’un des premiers gestes attendus des Etats-Unis consisterait à participer à la troisième et dernière session du groupe de travail de l’ONU sur les mesures de désarmement nucléaire, qui se réunira à Genève en août prochain.

Peut-être que cela déciderait la France à en faire autant ? Et qui sait, d’autres Etats dotés d’armes nucléaires ?

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