* Michel Chossudovsy est l’auteur du best-seller international « The Globalization of Poverty » ( titre français : « La mondialisation de la pauvreté » ) qui a été publié en 11 langues. Il est professeur d’économie à l’Université d’Ottawa et directeur du Center for Research on Globalization www.globalresearch.ca. Il collabore également à l’Encyclopaedia Britannica. Son dernier ouvrage est intitulé « America’s War on Terrorism » (Global Research, 2005).
La préparation d’une véritable guerre contre l’Iran au cours de laquelle il serait fait usage d’ogives nucléaires est entrée dans sa phase finale. Les partenaires de la coalition qui comprend les USA, Israël et la Turquie sont « dans un état de préparation avancé ».
Divers exercices militaires sont effectués depuis le début de 2005. De leur côté, les forces armées iraniennes se sont livrées, en décembre, à d’importantes manœuvres dans le golfe Persique en prévision d’une attaque soutenue par les Etats-Unis. Depuis le printemps 2005, on assiste à une intense navette diplomatique entre Washington, Tel-Aviv, Ankara et le quartier général de l’OTAN à Bruxelles.
Parmi les derniers événements, il faut mentionner le fait que le directeur de la CIA, Porter Goss, lors d’une mission à Ankara, ait demandé au Premier ministre turc Recep Erdogan un soutien politique et logistique en vue du bombardement de cibles nucléaires et militaires iraniennes. Goss aurait demandé que les Services secrets turcs collaborent de manière particulière à la préparation et à la supervision de l’opération.[1]
Ariel Sharon, quant à lui, a donné à l’armée israélienne le feu vert pour commencer les attaques fin mars. Tous les hauts responsables israéliens ont estimé que la fin mars était le dernier délai pour une attaque militaire contre l’Iran. Cette date coïncide avec celle de la remise à l’ONU du rapport de l’AIEA sur le programme d’énergie nucléaire de l’Iran. Des politiciens israéliens pensent que leurs menaces pourraient influencer les auteurs du rapport ou du moins les amener à utiliser des formulations ambiguës sur lesquelles leurs partisans d’outre-Atlantique pourraient s’appuyer pour demander que le Conseil de sécurité décide de prendre des sanctions ou pour justifier des opérations militaires israéliennes.[2]
Le projet militaire soutenu par les Etats-Unis a été approuvé par l’OTAN mais on ne connaît pas encore les modalités de la participation de l’Alliance aux attaques aériennes.
Shock and Awe
Les différents aspects de l’opération militaire relèvent tous du commandement américain et sont coordonnés par le Pentagone et le quartier général de l’US Strategic Command sur la base aérienne d’Offutt dans le Nebraska. Les opérations annoncées par Israël doivent être menées en étroite collaboration avec le Pentagone. La structure de commandement est centralisée et c’est Washington qui décidera in fine de leur déclenchement.
Des sources militaires américaines ont confirmé que l’attaque de l’Iran impliquera un important déploiement de forces semblable au bombardement « shock and awe » (choc et effroi, choquer pour inspirer le respect) de l’Irak en mars 2003. Les attaques aériennes américaines seraient beaucoup plus importantes que l’attaque israélienne du centre nucléaire d’Osirak de 1981 en Irak et rappelleraient plutôt les premiers jours de la guerre aérienne de 2003 contre l’Irak. On pourrait, en utilisant tous les bombardiers Stealth B-2 basés à Diego Garcia ou aux USA et peut-être également des Stealth-Fighter F-117 stationnés à Udeid au Qatar ou ailleurs, détruire les deux douzaines d’installations nucléaires suspectes.
Les stratèges militaires pourraient dresser une liste de cibles en fonction des préférences du gouvernement américain en limitant les attaques aux installations les plus importantes... ou les USA pourraient opter pour un nombre beaucoup plus important de frappes dirigées contre un vaste éventail de cibles en rapport avec des arsenaux d’armes de destruction massive et des forces armées classiques ou nucléaires susceptibles d’être utilisées pour contre-attaquer les forces américaines en Irak.[3]
En novembre, l’US Strategic Command a effectué un important exercice de « global strike plan » baptisé « Global Lightning ». Il s’agissait de la simulation d’une attaque contre un « ennemi fictif » à l’aide d’armes classiques et nucléaires. Ensuite, il a annoncé un état de préparation avancé (cf. notre analyse ci-dessous). Alors que la presse asiatique pensait que l’« ennemi fictif » était en l’occurrence la Corée du Nord, le moment où a eu lieu l’exercice laisse plutôt supposer que celui-ci avait pour but de préparer une attaque contre l’Iran.
Consensus en faveur d’une guerre nucléaire
Au sein de l’Union européenne, aucune personnalité politique ne s’y est opposée. Des consultations entre Washington, Paris et Berlin sont en cours. Contrairement à l’invasion de l’Irak, qui fut refusée par la France et l’Allemagne au plan diplomatique, Washington a obtenu un consensus au sein de l’OTAN de même qu’au Conseil de sécurité. Ce consensus concerne également une guerre nucléaire qui pourrait affecter une grande partie du Proche-Orient et de l’Asie centrale. De plus, un certain nombre de pays arabes limitrophes sont aujourd’hui des partenaires tacites du projet militaire américano-israélien.
En novembre 2004, les plus hauts commandants de l’armée israélienne ont rencontré, au quartier général de l’OTAN à Bruxelles, leurs homologues des six pays riverains de la Méditerranée - Egypte, Jordanie, Tunisie, Maroc, Algérie et Mauritanie. Un protocole de l’OTAN et d’Israël a été signé. A la suite de cette rencontre, les USA, Israël et la Turquie ont effectué des manœuvres communes au large de la Syrie. Et en février 2005, Israël a participé à des exercices militaires et à des manœuvres "antiterroristes" avec quelques pays arabes. Les médias ont été unanimes à dire que l’Iran représentait une « menace pour la paix dans le monde ». Le mouvement pacifiste a avalé ce mensonge. Le fait que les USA et Israël préparent un holocauste nucléaire au Proche-Orient ne figure pas au programme des anti-guerre et des anti-mondialisation.
Les « frappes chirurgicales » sont présentées à l’opinion mondiale comme un moyen d’empêcher l’Iran de fabriquer des armes nucléaires. On nous dit que ce n’est pas une guerre mais une opération militaire de maintien de la paix qui consistera à bombarder les installations nucléaires iraniennes.
Les mini-nukes sont-elles sans danger pour les populations civiles ? En révélant certains détails du projet militaire, les articles de presse servent avant tout à masquer l’ampleur de l’opération militaire qui prévoit le recours préventif aux armes nucléaires tactiques. Le projet militaire repose sur la doctrine de la guerre nucléaire « préventive » de l’Administration Bush exposée dans la Nuclear Posture Review de 2002.
On a recouru à une large désinformation médiatique afin de dissimuler les conséquences dévastatrices d’une utilisation d’ogives nucléaires contre l’Iran. Le fait que ces « frappes chirurgicales » soient effectuées avec des armes classiques et des armes nucléaires ne fait l’objet d’aucun débat. Depuis la décision du Sénat américain en 2003, les armes nucléaires tactiques (low-yield mini-nukes = mini-bombes nucléaires de faible puissance) de nouvelle génération dont la puissance explosive est égale à 6 fois celle de la bombe d’Hiroshima sont considérées comme « sans danger pour les populations civiles » parce qu’elles explosent sous terre.
Grâce à une campagne de propagande qui s’est assuré le soutien de spécialistes du nucléaire « qui font autorité », on présente les mini-nukes comme des instruments de paix et non de guerre. On en autorise l’emploi sur les champs de bataille. On prévoit de les utiliser dans la prochaine étape de la guerre américaine « contre le terrorisme » parallèlement aux armes classiques.
Des membres de l’Administration américaine prétendent qu’on les emploiera comme des armes dissuasives crédibles à l’égard des Etats voyous (Iran, Corée du Nord). Leur raisonnement est que les armes nucléaires existantes sont trop destructrices pour être employées en dehors d’une guerre nucléaire de grande envergure. Les ennemis potentiels s’en rendent compte, si bien qu’ils ne croient pas à la menace d’une riposte nucléaire. Les mini-nukes sont moins destructrices et il est donc plus probable qu’on y ait recours. Cela en fait un moyen de dissuasion plus efficace.[4]
A l’aide d’un raisonnement complètement faux, les armes nucléaires sont présentées comme un moyen de maintenir la paix et d’éviter les dommages collatéraux. Dans ce contexte, le Pentagone a laissé entendre que les mini-nukes, avec leur puissance de moins de 5000 tonnes, étaient sans danger pour les populations civiles, l’explosion ayant lieu sous terre. Toutefois, en ce qui concerne leur puissance explosive et les retombées radioactives potentielles, chacune de ces bombes représente une fraction importante de la bombe d’Hiroshima. On estime la puissance explosive des bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki à respectivement 15 000 et 21 000 tonnes [5] Autrement dit, la puissance explosive des mini-nukes représente le tiers de celle de la bombe d’Hiroshima.
La nouvelle définition de l’ogive nucléaire a estompé la différence entre arme classique et arme nucléaire : Selon Hans Kristensen, du Nuclear Information Project, « c’est un ensemble (armes classiques et armes nucléaires). Il en résulte manifestement que l’arme nucléaire cesse d’appartenir à une catégorie à part, celle d’une arme de dernier recours, pour n’être plus qu’un outil parmi d’autres ».[6]
Nous nous trouvons à un tournant dangereux : les stratèges militaires croient déjà à leur propagande : les manuels militaires prétendent que cette nouvelle génération d’armes nucléaires peut être utilisée « sans risques » sur les champs de bataille. Ce ne sont plus des armes de dernier recours. Les politiques ne s’opposent plus à leur utilisation. A ce propos, le sénateur Edward Kennedy a accusé le gouvernement Bush d’avoir développé « une génération d’armes nucléaires plus praticables ». La communauté internationale a approuvé une guerre nucléaire au nom de la paix dans le monde. « Rendre le monde plus sûr », telle est la justification d’une opération militaire qui pourrait aboutir à un holocauste nucléaire.
Mais les holocaustes nucléaires ne font pas la une des journaux. Selon Mordechai Vanunu, le gouvernement israélien se prépare à utiliser l’arme nucléaire dans sa prochaine guerre contre le monde islamique. Là où je vis, les gens parlent souvent de l’Holocauste. Mais chaque bombe nucléaire, quelle qu’elle soit, représente un holocauste : elle peut tuer, détruire des villes, anéantir des peuples entiers.[7]
Unité de commandement pour des attaques sur terre et dans l’espace
Une attaque préventive avec des armes nucléaires tactiques serait coordonnée par l’US Strategic Command et l’Offutt Air Force Base au Nebraska en collaboration avec des unités de commandement des USA et de la coalition du golfe Persique, de la base militaire de Diego Garcia, d’Israël et de la Turquie.
L’US Strategic Command a pour mandat de « superviser un plan d’attaque global » qui prévoit l’utilisation d’armes classiques et d’armes nucléaires. En jargon militaire, il doit « jouer le rôle d’un intégrateur global responsable d’opérations dans l’espace, d’information, de défense anti-missiles intégrée, de commandement et de contrôle globaux, de renseignement, de surveillance, de reconnaissance, d’attaque globale et de dissuasion stratégique... ».
En juin 2005, au début des préparatifs de guerre contre l’Iran, l’US Strategic Command a été reconnu « premier commandement de l’intégration et de la synchronisation des efforts du ministère de la Défense en vue de la lutte contre les armes de destruction massive ». Pour accomplir cette tâche, une toute nouvelle unité de commandement a été créée, la Joint Functional Component Command Space and Global Strike (JFCCSGS). Elle a pour mission de superviser le déclenchement d’une attaque nucléaire conformément à la Nuclear Posture Review (NPR) adoptée par le Congrès en 2002. Celle-ci prévoit l’utilisation préventive d’ogives nucléaires non seulement contre les Etats voyous mais contre la Russie et la Chine.
Depuis novembre, le JFCCSGS doit, après les exercices militaires appropriés, « se trouver en état de préparation avancé ». C’est ce qu’a déclaré début décembre l’US Strategic Command. Cette unité doit être capable « d’atteindre rapidement des cibles dans le monde entier, et cela en utilisant aussi bien des armes classiques que des armes nucléaires ». Les exercices effectués en novembre concernaient « un pays fictif que l’on supposait être la Corée du Nord »[8].
« A partir du 18 novembre, la nouvelle unité (le JFCCSGS) remplit les conditions nécessaires pour pouvoir se dire opérationnelle. » Une semaine avant cette annonce, l’unité achevait un exercice de poste de commandement baptisé Global Lightning, qui était lié à un autre exercice, appelé Vigilant Shield, dirigé par le North American Aerospace Defense Command (NORAD) qui est chargé de la défense anti-missiles en Amérique du Nord.
« Après avoir effectué plusieurs nouvelles missions en 2002, l’US
Strategic Command a été réorganisé afin d’assurer une meilleure
collaboration et d’être plus attentif aux relations entre les
différentes fonctions », a déclaré le capitaine de la Marine James
Graybeal, premier porte-parole de l’US Strategic Command. « Avant le
mois de mai de cette année, le JFCCSGS avait publié un concept
d’opérations et commençait à préciser les conditions nécessaires à sa
réalisation jour après jour et son processus de planification
intégré. » « Les performances de l’unité pendant l’exercice Global
Lightning ont montré qu’elle était prête à réaliser sa mission
consistant à prouver ses capacités de frappe intégrée dans le monde
et dans l’espace afin de dissuader les agresseurs et, si l’ordre en
est donné, de vaincre l’adversaire au moyen de mesures globales
communes visant à appuyer l’US Strategic Command de manière
décisive », a-t-il ajouté sans donner de détails sur les « nouvelles
missions » de cette unité de commandement qui compte environ 250
personnes.
Des spécialistes du nucléaire et des sources gouvernementales ont
précisé qu’une de ses principales missions serait de mettre en oeuvre
la stratégie nucléaire de 2001 qui inclut une option consistant à
attaquer des Etats voyous avec des armes de destruction massive.[9]
Concept plan (CONPLAN) 8022
Le JFCCSGS est dans un état de préparation avancé en ce qui concerne
le déclenchement d’attaques visant l’Iran ou la Corée du Nord. La
mise en oeuvre opérationnelle d’une attaque globale est appelée
Concept Plan (Conplan) 8022. Il est décrit comme étant « un plan
concret que la Marine et l’Armée de l’air traduisent en attaques
coordonnées de leurs sous-marins et de leurs bombardiers. (ibid.)
COMPLAN 8022 est « le plan général des scénarios stratégiques préparés
qui impliquent l’usage d’armes nucléaires ». « Il est particulièrement
centré sur les nouvelles formes de menaces - Iran, Corée du Nord - de
même que sur les proliférateurs et les terroristes potentiels. » Selon
Kristensen, « rien ne permet de dire qu’ils n’utiliseront pas le
CONPLAN 8022 à une échelle réduite contre des cibles russes ou
chinoises ». (cf. note 11)
La mission du JFCCSGS est de mettre en oeuvre le CONPLAN, c’est-à-
dire de déclencher une guerre nucléaire contre l’Iran. Le Commandant
en chef des Forces armées, en l’occurrence George W. Bush, chargerait
le Secrétaire à la Défense qui, à son tour, chargerait les chefs
d’état-major des trois armées d’activer le CONPLAN 8022. Ce dernier
est différent des autres opérations militaires : il n’envisage pas le
déploiement de forces terrestres. Il prévoit une opération à petite
échelle. Un plan militaire typique comprend un mélange des trois
armées - armée de l’air, marine et armée de terre - et prend en
compte les aspects politiques et logistiques nécessaires au soutien
de ces forces dans des opérations d’une certaine durée. Le plan
d’attaque globale est offensif, il est déclenché par la perception
d’un danger imminent et exécuté sur ordre du Président. (William
Arkin, Washington Post, mai 2005)
A vrai dire, la capacité de pénétration en profondeur de la [bombe
nucléaire] B61-11 est limitée. Des essais ont montré qu’elle ne
pénétrait que jusqu’à quelque 20 pieds [environ 6,6 m] dans un
terrain sec lorsqu’elle était larguée d’une altitude de 40 000 pieds
[environ 13 km]. Même ainsi - elle s’enfonce dans le sol avant
d’exploser - une proportion beaucoup plus grande d’énergie explosive,
en comparaison avec les explosions en surface, a pour effet
d’ébranler le sol. Toute tentative de l’utiliser en milieu urbain
cependant occasionnerait des pertes humaines considérables. Même avec
une bombe de faible puissance (moins d’une kilotonne), l’explosion
creuserait un énorme cratère, éjectant des quantités de matières
radioactives qui émettraient un rayonnement gamma létal sur une vaste
étendue.
www.fas.org/faspir/2001/v54n1/weapons.htm
Le rôle d’Israël
Depuis la fin de 2004, Israël stocke des armes classiques et
nucléaires made in USA en prévision d’une attaque contre l’Iran. Ce
stockage, financé par l’aide militaire américaine, était quasi
terminé en juin 2005. Israël a reçu des Etats-Unis plusieurs milliers
d’« armes intelligentes lancées depuis des avions » dont quelque 500
bombes anti-bunker qui peuvent également être utilisées comme
vecteurs de bombes nucléaires tactiques.
La bombe B61-11 est la « version nucléaire » de la BLU 113 classique.
Elle peut être lancée à peu près de la même manière que les bombes
anti-bunker classiques.[10] En outre, comme on l’a appris à la fin de
2003, des sous-marins Dolphin israéliens équipés de missiles Harpoon
américains armés d’ogives nucléaires sont actuellement dirigés vers
l’Iran.[11]
Extension de la guerre
L’Iran a confirmé qu’il riposterait s’il était attaqué en lançant des
missiles balistiques sur Israël (CNN, février 2005). Ces attaques
pourraient aussi viser des installations militaires américaines en
Irak et dans le golfe Persique, ce qui conduirait immédiatement à un
scénario d’escalade militaire et à une guerre totale.
Actuellement, il y a trois théâtres distincts d’opérations
militaires : l’Afghanistan, l’Irak et la Palestine. Les attaques
aériennes contre l’Iran pourraient contribuer à déclencher une guerre
dans une vaste région comprenant le Moyen-Orient et l’Asie centrale.
En outre, l’attaque prévue de l’Iran devrait également être envisagée
en relation avec le retrait - opportun - des troupes syriennes du
Liban qui a libéré un nouvel espace au déploiement de forces
israéliennes. Et autre facteur à signaler : la participation de la
Turquie à l’opération militaire américano-israélienne, qui résulte de
l’accord conclu l’année dernière entre Ankara et Tel-Aviv. Plus
récemment, Téhéran a renforcé sa défense aérienne en achetant 29
systèmes anti-aériens russes Tor M-1. En octobre dernier, avec la
collaboration de Moscou, « une fusée russe a placé en orbite un
satellite espion, le Sinah-1 ».[12]
Le Sinah-1 n’est que le premier de plusieurs satellites iraniens qui
doivent être mis en orbite par les Russes au cours des prochains
mois. Ainsi, l’Iran possédera bientôt un réseau de satellites
constituant un système de préalerte en cas d’attaque israélienne,
bien qu’il s’agisse là de peu de chose en regard des puissants
espions aériens israéliens et américains capables de détecter les
moindres mouvements de la barbe des mullahs de Téhéran. De plus,
selon le Sunday Times, la Russie a signé à la fin du mois dernier un
contrat d’un milliard de dollars portant sur la vente à l’Iran d’un
système de défense moderne capable de détruire des missiles guidés et
des bombes guidées au laser. Il sera opérationnel au cours des
prochains mois.
Fin avril 2005.Vente à Israël de bombes antibunker GBU28
Au moment de la visite de Poutine en Israël, la Defence Security
Cooperation Agency (Département américain de la Défense) a annoncé la
vente à Israël de 100 nouvelles bombes anti-bunker fabriquées par
Lockheed Martin. Les médias ont vu là « un avertissement à l’Iran à
propos de ses ambitions nucléaires ». La vente concerne les « Guided
Bomb Unit-28 (GBU28) BLU-113 Penetrator » (qui comprennent l’unité de
guidage WGU-36A/B et un équipement de soutien). La GBU-28 est décrite
comme une arme spéciale prévue pour détruire des centres de
commandement profondément enterrés. Le fait est que cette bombe
compte parmi les armes classiques les plus meurtrières que l’on
connaisse car elle peut tuer des milliers de civils. Elle a été
utilisée lors de l’invasion de l’Irak en 2003. L’armée de l’air
israélienne prévoit d’en équiper ses bombardiers F-15.
(www.dsca.osd.mil/Press Releases/36-b/2005/Israël_05-10_corrected.pdf)
Guerre terrestre
Bien que le CONPLAN n’envisage pas une guerre terrestre, les
bombardements aériens pourraient y mener. Des troupes iraniennes
pourraient passer la frontière avec l’Irak et s’opposer aux forces de
la coalition en Irak. Des troupes israéliennes et/ou des forces
spéciales pourraient entrer au Liban et en Syrie. Actuellement,
Israël prévoit d’effectuer des exercices militaires et de déployer
des forces spéciales dans les régions montagneuses de Turquie qui
jouxtent l’Iran et la Syrie, cela avec la collaboration du
gouvernement d’Ankara. Ankara et Israël ont conclu un accord qui
autorise ce dernier à effectuer des manœuvres dans les régions
montagneuses de la Turquie situées à la frontière avec l’Iran. Selon
un journal des Emirats arabes unis, et conformément à l’accord conclu
entre le chef d’état-major de l’armée israélienne Dan Halutz et des
hauts responsables turcs, Israël va effectuer diverses manœuvres dans
les régions situées aux frontières avec l’Iran et la Syrie. Citant
certaines sources sans les nommer, le journal en question insiste sur
le fait qu’Israël a formulé cette demande en raison des difficultés à
passer en hiver dans les territoires montagneux près des frontières
avec l’Iran. Deux unités vont participer à ces exercices dont la date
n’a pas encore été fixée. Ce sont les plus importantes unités
militaires spéciales d’Israël. Elles ont pour mission de combattre le
terrorisme et sont spécialisées dans la guérilla.
Auparavant, la Turquie avait autorisé l’entraînement de pilotes
israéliens dans la région jouxtant l’Iran. La nouvelle de l’accord a
été diffusée au moment où des responsables turcs essaient d’échapper
à l’accusation de coopérer avec les Etats-Unis dans des opérations
d’espionnage à l’encontre de la Syrie et de l’Iran. Depuis la semaine
dernière, la presse arabe a publié divers articles indiquant
qu’Ankara est disposé, du moins en principe, à engager des
négociations sur la mise à disposition de ses espaces terrestre et
aérien pour des opérations dirigées contre l’Iran.[13]
Conclusions
Les conséquences de tout cela sont effrayantes.
La « communauté internationale » a accepté l’éventualité d’un
holocauste nucléaire. Les décideurs sont aveuglés par leur propre
propagande. L’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord sont parvenues
à un consensus concernant des attaques aériennes au moyen d’armes
nucléaires tactiques sans prendre en compte leurs effets dévastateurs.
Cette aventure militaire motivée par la recherche du profit est une
menace pour l’avenir de l’humanité. Ce qu’il faut dans les mois qui
viennent, c’est un grand mouvement, national et international, qui
brise la conspiration du silence, qui reconnaisse les dangers, qui
mette ce projet de guerre au centre des débats politiques et de
l’attention des médias, à tous les niveaux, qui exige des chefs
politiques et militaires qu’ils prennent position contre cette guerre
nucléaire patronnée par les Etats-Unis. En dernière analyse, ce qu’il
faut, c’est de lourdes sanctions internationales à l’encontre des
Etats-Unis et d’Israël.
Source : www.globalresearch.ca du 3/1/06
Traduction Horizons et débats, Zurich (www.horizons-et-debats.ch)
[1] Deutscher Depeschen-Dienst du 23/12/2005
[2] James Petras, Israel’s War Deadline : Iran in the Crosshairs,
www.globalresearch.ca du 25/12/2005
[3] cf. www.globalsecurity.org/military/obs/iran-strikes.htm
[4] Opponents Surprised by Elimination of Nuke Research Funds,
Defense News du 29/12/2004
[5] www.warbirdforum.com/hiroshim.htm
[6] citation du Japanese Economic Newswire du 30/12/2005
[7] cf. l’interview de Mordechai Vanunu Israel Preparing to Use
Nuclear Weapons against Iran, www.globalresearch.ca du 2/1/2006
[8] cf. David Ruppe, Preemptive Nuclear War in a State of Readiness :
US Command Declares Global Strike Capability, www.globalresearch.ca
du 2/12/2005
[9] Japanese Economic Newswire du 30/12/2005
[10] cf. Michel Chossudovsky, www.globalresearch.ca/articles /
CGO112C.html et www.thebulletin.org/article_nn.php ?art_ofn=jf03norris
[11] cf. Gordon Thomas, www.globalresearch.ca/articles/THO311A.html[
12] cf. Chris Floyd, Persian Fire, www.globalresearch.ca du 20/12/2005
[13] E’temad website, Téhéran (en persan), 28/12/05, BBC Monitoring
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