Le président de la République ne se contente pas de menacer d’atomiser quiconque serait tenté d’attenter aux "intérêts vitaux" de la France, tels que définis par lui-même. Il veille aussi à ses intérêts commerciaux. Lesquels coïncident par bonheur avec ceux du lobby nucléaire et du lobby militaro-industriel français.
Le voici en Inde, où il prépare le terrain pour la vente de centrales nucléaires par AREVA, dont la présidente se frotte déjà les mains, et de matériels militaires.
Gageons que le communiqué final de ces marchandages au sommet ressemblera comme un frère à celui publié le 12 septembre dernier à l’issue de la visite en France du Premier ministre indien :
"Les deux parties s’accordent aussi à reconnaître que le nucléaire constitue une source d’énergie sûre, écologiquement viable et durable, et la nécessité d’approfondir la coopération internationale en vue de promouvoir l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques."
Le nucléaire, "source d’énergie sûre" : sûre comme les 105 000 mètres cube d’eau de Gironde qui inondèrent le 27 décembre 1999 la centrale du Blayais ; sûre comme l’inondation il y a un an, à l’occasion du tsunami, de la centrale et du réacteur de recherche militaire indiens de Kalpakkam. "Ecologiquement viable" comme les 80 tonnes de plutonium récupérés et stockés au centre de "retraitement" de La Hague. "Durable" comme les 250 000 ans de vie radioactive de ce même plutonium, qui pourrait faire 15 000 bombes comme celle de Nagasaki.
"Coopération bilatérale à des fins pacifiques" : pacifiques comme les sous-marins "Scorpène" et les "Mirage" que la France vend à l’Inde, ou comme les prochaines manoeuvres conjointes du "Charles de Gaulle" au large de ses côtes, juste avant de rebrousser chemin vers le Golfe persique pour y être mi-avril, à temps sans doute pour appuyer une offensive américaine contre les installations nucléaires, elle aussi "pacifiques", de l’Iran.
"Engagement ferme d’empêcher la prolifération d’armes de destruction massive" : engagement d’autant plus crédible que la France et l’Inde ont donné au monde l’exemple de pays qui renoncent d’eux-mêmes aux armes nucléaires...
Aux termes de l’avis donné par la Cour internationale de justice le 8 juillet 1996, les chefs de puissances nucléaires qui conservent leurs armes sont hors la loi internationale, et criminels contre l’humanité selon la définition du tribunal de Nuremberg. Tels sont donc les deux hommes qui se rencontrent, hier à Paris, aujourd’hui à New Delhi. Que leurs marchandages militaro-nucléaires se veuillent lucratifs ne change rien à l’affaire : ils conspirent contre l’humanité.
L’aventure du Clémenceau a viré au comique. Celle qu’on nous prépare avec la même lucidité pourrait devenir tragique. Qu’importe : "Vive la République, vive la France !"
"La France des droits de l’homme", ne l’oublions pas : cela donne à son maître le droit de faire n’importe quoi.
Déclaration conjointe du Président de la République française et du Premier Ministre indien.
Palais de l’Elysée, le lundi 12 septembre 2005.
Le Premier ministre Manmohan Singh et le Président Jacques Chirac réaffirment aujourd’hui le partenariat stratégique entre l’Inde et la France et s’engagent à renforcer et à approfondir cette relation.
La visite du Premier ministre indien, à l’invitation du Président de la République, illustre l’importance que les deux pays attachent au partenariat stratégique engagé en janvier 1998. Les raisons qui plaidaient à cette date pour une relation étroite entre les deux pays sont encore plus pertinentes aujourd’hui, dans un contexte de reconfiguration des équilibres mondiaux dont l’émergence de l’Inde, en tant que grande puissance, en est l’un des éléments les plus significatifs.
À la veille du sommet de haut niveau des Nations Unies, les deux dirigeants manifestent leur intention de :
donner aux relations bilatérales déjà dynamiques entre l’Inde et la France une dimension nouvelle et les hisser sur un palier plus élevé ;
renforcer la coopération dans la façon d’aborder les enjeux globaux et œuvrer de concert dans les domaines suivants : lutte contre le terrorisme, prévention de la prolifération des armes de destruction massive, promotion d’un développement durable sur le plan économique, social et environnemental, gestion efficace de la mondialisation et lutte contre les pandémies ;
réaffirmer leur appui à la réforme du système des Nations Unies et promouvoir une organisation plus forte, plus représentative et mieux à même de relever les défis d’aujourd’hui liés à la paix, la sécurité et le développement dans le monde.
Le Premier ministre de l’Inde a remercié la France pour son appui constant et ferme à la candidature de l’Inde à un siège de membre permanent du Conseil de sécurité. Il a exprimé son intérêt pour les propositions de la France relatives au financement du développement et à la réforme de la gouvernance internationale de l’environnement.
Conscientes des besoins énergétiques mondiaux et de la nécessité de lutter contre le réchauffement de la planète, l’Inde et la France reconnaissent la nécessité de renforcer la sécurité énergétique et de promouvoir la mise en valeur de sources d’énergie stables, durables, efficientes et économiques afin de satisfaire leurs besoins énergétiques croissants. Les deux parties s’accordent aussi à reconnaître que le nucléaire constitue une source d’énergie sûre, écologiquement viable et durable, et de la nécessité d’approfondir la coopération internationale en vue de promouvoir l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
La France reconnaît la nécessité d’une coopération internationale pleine avec l’Inde dans le domaine du nucléaire civil, et œuvrera en ce sens en collaborant avec d’autres pays et avec le Groupe des pays fournisseurs du nucléaire (NSG), et en renforçant la coopération bilatérale. La France se réjouit de l’engagement ferme pris par l’Inde d’empêcher la prolifération d’armes de destruction massive (ADM) et des mesures prises et envisagées à cette fin. Dans ce contexte, les deux pays travailleront à la conclusion d’un accord de coopération bilatérale dans le domaine du nucléaire.
S’agissant de coopération militaire, les exercices conjoints menés par nos forces armées témoignent du haut niveau de confiance qui s’est établi entre la France et l’Inde au fil des années. Afin de renforcer davantage cette relation, les deux pays engageront des discussions en vue de finaliser très prochainement un accord cadre de coopération en matière de défense. Notre partenariat stratégique dans l’industrie de la défense vient à nouveau de s’illustrer avec la confirmation par le gouvernement de l’Inde de sa décision d’acquérir des sous-marins Scorpène.
L’Inde et la France réaffirment également leur volonté d’approfondir leur coopération spatiale. Elles se sont félicitées de la récente conclusion d’un accord-cadre entre l’Union européenne et l’Inde pour une participation de l’Inde au projet Galileo, finalisé lors du sommet Inde - UE qui s’est tenu à New Delhi le 7 septembre.
L’Inde et la France se félicitent de la forte croissance de leurs relations économiques. Alors que l’Inde s’affirme comme une puissance économique mondiale, les deux pays s’engagent à tirer pleinement parti du potentiel de renforcement de leurs liens économiques et commerciaux, et expriment leur intention de doubler le volume de leurs échanges commerciaux bilatéraux dans les cinq années à venir. Ils s’engagent également à établir des partenariats d’entreprises dans les secteurs prioritaires suivants : infrastructure, technologie de l’information, produits pharmaceutiques, environnement, technologies de pointe et technologies nouvelles, agro-alimentaire, automobile et aéronautique. À cet égard, le gouvernement indien a confirmé l’achat de 43 Airbus par la compagnie Indian Airlines.
L’Inde et la France soulignent le dynamisme de la coopération dans les domaines de la science, de la technologie et de l’éducation. Afin de renforcer cette coopération, le Président de la République a fait part de la volonté de la France d’accueillir davantage d’étudiants indiens dans les universités et Grandes Écoles françaises, et à mettre en oeuvre à cet effet une politique ambitieuse de bourses d’études et de programmes d’échanges académiques.
Sur le plan culturel, une importante exposition d’œuvres datant de la période Gupta sera présentée au Grand Palais en 2007. Ce sera l’occasion de partager avec un large public français cet exceptionnel patrimoine culturel indien.
Les gouvernements indien et français accordent une haute priorité à l’échange de visites de haut niveau destinées à intensifier leurs relations bilatérales. Dans ce contexte, le Président de la République française a accepté avec plaisir l’invitation du Premier ministre à se rendre en Inde du 20 au 21 février 2006.