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Une réplique du tsunami politico-nucléaire de juillet
L’Inde ne demandera plus le désarmement nucléaire général




Publié le 28 octobre 2005

Le jour même où l’on apprenait que les Etats-Unis renonçaient à poursuivre leur programme de « nuclear bunker buster » (« missile nucléaire tueur de bunker ») -une nouvelle qui semblait bonne bien que la décision fût apparemment prise pour des raisons techniques et financières plutôt que politiques- l’Inde annonçait qu’elle abandonnait sa position traditionnelle de défense du désarmement nucléaire au profit de la contre-prolifération nucléaire. Comme Praful Bidway l’écrit dans une dépêche de l’agence Inter Press Service, « ce changement de position... signifie que l’Inde a renoncé à poursuivre l’abolition des armes nucléaires dans tous les pays. Désormais elle veut seulement empêcher de nouveaux Etats d’acquérir de telles armes. Ceux qui en ont, dont elle-même, peuvent les garder. »

C’est là la conséquence prévisible de l’accord nucléaire entre les Etats-Unis et l’Inde que le président Bush et son administration ont passé avec le Premier ministre indien Manhoman Singh à Washington en juillet dernier. Un accord que nous avons dénoncé en son temps et décrit comme un véritable “tsunami politique dans le domaine nucléaire”. C’est une nouvelle extrêmement mauvaise non seulement par elle-même, mais encore parce qu’elle pourrait entraîner un changement de position similaire de la part de la Chine. Récemment, le représentant de la Chine à la Première Commission de l’Assemblée Générale de l’ONU réclamait un désarmement nucléaire universel. Pour combien de temps encore ? On pouvait espérer que plusieurs Etats nucléaires officiels (la Chine, la Russie) et officieux (l’Inde, le Pakistan) poursuivraient le but du désarmement nucléaire en opposition aux Etats-Unis, de sorte que les deux autres Etats nucléaires officials (le Royaume-Uni et la France) - qui sont en fait sur la même ligne que les Etats-Unis (« nous ne renoncerons jamais à nos armes nucléaires ») mais qui continuent néanmoins à se référer hypocritement au désarmement nucléaire - finiraient peut-être par être obligés de rejoindre le camp « abolitionniste ». Aujourd’hui on peut craindre que TOUS les Etats nucléaires officiels et officieux s’alignent à plus ou moins brève échéance sur la position américaine : “nous garderons pour toujours nos arsenaux ; essayons seulement d’empêcher les autres de s’en procurer. »

En outre, avec la nouvelle politique indienne, les relations indo-pakistanaises risquent fort d’empirer, et la probabilité d’une action militaire contre l’Iran, d’augmenter.

Tout bien considéré, le 26 octobre 2005 semble avoir été une très sombre journée.

ACDN (Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire), le 28 octobre 2005


Voir l’analyse de Praful Bidwai (dépêche IPS) en anglais.