[www.acdn.net] > Le chinois Sun Xiaodi a reçu le prix international de militantisme anti-nucléaire
[ http://www.acdn.net/spip/spip.php?article255 ]

www.acdn.net > Accueil > Actualités > Autres sources >

La Chine au Tibet : Ecocide et ethnocide nucléaires
Le chinois Sun Xiaodi a reçu le prix international de militantisme anti-nucléaire




Publié le 12 décembre 2006

Civil ou militaire, le nucléaire n’a jamais fait bon ménage avec les droits de l’homme et la démocratie. Dans le cas chinois, c’est encore pire : c’est la liberté et la survie de tout un peuple qu’il met en cause au Tibet. Le Tibet a attiré et retient l’occupant chinois parce qu’il peut lui fournir de l’uranium, comme on le voit ci-dessous, mais aussi et surtout parce que sa situation en altitude, au coeur du continent asiatique et à proximité de l’Inde, en fait une plate-forme idéale de lancement de missiles nucléaires.

Le Tibet est l’un des exemples les plus flagrants prouvant que non seulement la paix, mais encore le respect des peuples, la liberté et la santé des individus, et la sauvegarde de leur environnement naturel, passent par le désarmement nucléaire et par l’abandon du nucléaire en général.

ACDN


Le militant Sun Xiaodi, de la province de Gansu, a passé plus de dix ans de sa vie à envoyer des pétitions aux autorités centrales chinoises pour protester contre la contamination radioactive due à la mine d’uranium N° 792, située dans la Préfecture autonome tibétaine de Gannan (province de Gansu). Il a reçu le 1er décembre 2006 le Prix de l’Avenir Sans Nucléaire (Nuclear-Free Future Award), considéré comme le prix anti-nucléaire le plus prestigieux du monde.

Ce prix, qui honore Sun pour son “courage moral de pétitionner pour mettre fin à la pollution toxique engendrée par la mauvaise gestion de la production chinoise d’uranium », a été officiellement remis le soir du 1er décembre, dans le cadre du Sommet Mondial des Peuples indigènes sur l’Uranium, que les Indiens navajos ont accueilli à Window Rock, Arizona, Etats-Unis. Sun restant sous étroite surveillance et ne pouvant sortir de Chine, c’est Feng Congde, le responsable du programme national de Droits de l’Homme en Chine (Human Rights In China), qui s’est rendu au Sommet pour recevoir le prix au nom de Sun.

Sun a commencé par dénoncer en 1988, alors qu’il travaillait comme responsable d’entrepôt à la mine 792, la revente illégale d’équipements contaminés, l’exploitation illégale de mines et le rejet sans précautions d’eau non retraitée. Cependant, ses requêtes répétées aux fonctionnaires des gouvernements provincial et central n’ont abouti à rien d’autre qu’à son licenciement en 1994, et au traitement discriminatoire de sa femme et de sa fille.

Soumis à des persécutions et des tracasseries permanentes, Sun a poursuivi sa campagne contre les pratiques illégales d’exploitation minière, qui ont continué même après la fermeture officielle de la mine en 2002, lorsque celle-ci, passée sous administration de la province de Gansu, est devenue une compagnie privée comptant de nombreux fonctionnaires locaux parmi ses actionnaires.

Sun a vu comment on transformait une région de champs verdoyants, d’eaux claires et de bois remplis de faune en une friche industrielle où les plantes flétrissent, où le bétail meurt et où les humains souffrent de malformations à la naissance et de cancers en nombre anormalement croissant. Le corps médical tibétain a attribué près de la moitié des décès dans la région à une variété de cancers liés à la radioactivité et à des maladies du système immunitaire.

En avril 2005, Sun a disparu alors qu’il faisait circuler une pétition à Pékin, peu après avoir rencontré des journalistes étrangers pour leur parler de la dégradation de l’environnement au Gansu. Après avoir été secrètement transféré de lieu en lieu pendant huit mois, il a été finalement libéré de la prison de Lanzhou le 27 décembre 2005. En dépit des menaces et des restrictions de déplacement auxquelles les autorités le soumettaient, Sun a repris ses pétitions, et a été de nouveau arrêté en avril 2006. Il a été relâché peu après, mais il reste sous surveillance policière constante, et il n’a même plus le droit de parler au téléphone, encore moins de quitter la Chine pour se rendre à une remise de prix.

Le prix de l’Avenir Sans Nucléaire a été fondé à la suite de l’Assemblée Mondiale sur l’Uranium qui s’est tenue à Salzbourg (Autriche) en 1992, et depuis 1998 il a été remis à des personnes ou des organisations ayant travaillé sans répit pour mettre un terme au cycle du combustible nucléaire. Le jury ayant attribué le prix de cette année comprenait des spécialistes de l’environnement, des militants, des intellectuels et des journalistes originaires des Etats-Unis, d’Allemagne et de France. Bien qu’empêché d’être présent à la cérémonie de remise du prix, Sun a fait parvenir à l’assemblée un message enregistré, diffusé en même temps qu’une vidéo préparée par HRIC. Le voici :

Monsieur le président, Chers amis,

Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir être parmi vous pour recevoir ce prix personnellement. Depuis que je suis sorti de prison, j’ai été placé dans une situation d’extrême insécurité, menacé, intimidé et tracassé. J’ai été terriblement honoré et touché d’apprendre que j’avais été choisi pour recevoir cette année le prix d’un Avenir Sans Nucléaire, car je mesure toute l’importance du mouvement mondial pour la paix et le développement. En même temps, je ressens un profond chagrin d’avoir été le témoin impuissant des problèmes d’environnement causés par le fait de n’avoir ni limité ni réduit la contamination radioactive. Vaincre la peur afin de lutter pour un environnement libéré du nucléaire exige d’une personne qu’elle emprunte un chemin de sueur, de sang et de larmes, qui peut fort bien conduire à la vie ou à la mort. Cependant, je crois fermement que si tous ceux qui aiment la paix, se soucient du destin de l’humanité et défendent la justice, se rassemblent pour passer à l’action le plus vite possible, des lendemains libérés du nucléaire peuvent devenir une réalité. Je souhaite plein succès à votre conférence ! Merci !

Sun Xiaodi, le 9 novembre 2006

La directrice générale de HRIC, Sharon Hom, a déclaré : “L’attribution de ce prix de militantisme à Sun Xiaodi envoie un important message de soutien international et de reconnaissance non seulement à Sun et à sa famille, mais à tous les courageux militants de base qui luttent actuellement en Chine dans un difficile climat de répression et de sévices. »

- Pour en savoir plus sur le Prix de l’Avenir Sans Nucléaire, voir http://www.nuclear-free.com/english/frames7.htm.

- Sur HRIC : Human Rights In China (HRIC) est une organisation non gouvernementale de surveillance et de défense des droits de l’homme en Chine, ayant son siège social à New York et Hong Kong. Fondée en mars 1989 par des étudiants et des intellectuels chinois, elle mène des programmes de recherche, de formation et de terrain pour promouvoir les droits de l’homme reconnus universellement et faire progresser la protection de ces droits par les institutions de la République Populaire de Chine.
Voir : http://www.hrichina.org

(Traduction ACDN)


Les déchets radioactifs de la Chine au Tibet
et leur impact écologique !

Depuis des décennies, le plateau tibétain est utilisé par la Chine à des fins nucléaires et de stockage de déchets radioactifs. Cet article a pour objectif de faire la lumière sur les informations disponibles concernant la ‘poubellisation nucléaire’ du Tibet.

Les déchets radioactifs

Les déchets radioactifs émettent des radiations pouvant causer des cancers ainsi que d’autres maladies chez les hommes et les animaux. Encore plus inquiétant, ces radiations peuvent provoquer des mutations génétiques ayant pour résultat des malformations à la naissance. Les scientifiques n’ont pas découvert de méthode fiable d’enfouissement permanent de ces déchets, et les combustibles actuellement utilisés par les usines sont stockés dans du béton qui doit être réfrigéré.

Les déchets radioactifs sur le plateau du Tibet
La Déclaration des Droits de l’Homme de Vienne de 1993 affirme que le déversement de déchets toxiques et de substances dangereuses constitue une atteinte sérieuse aux droits, à la vie et à la santé des hommes.

La Convention de Bâle, signée en 1992 par plusieurs pays dont la Chine, et l’interdiction qui s’en est suivie (adoptée par amendement à la Convention en septembre 1995) interdisent le commerce de déchets dangereux entre pays industrialisés et pays non industrialisés.

En automne 1988, des informations ont circulé chez les Tibétains quant à l’utilisation potentielle du Tibet comme décharge des déchets nucléaires européens. Selon le Dalaï-Lama, il existe un document signé prouvant les projets chinois d’entreposage de déchets nucléaires étrangers au Tibet.

En 1991, Greenpeace révélait que les autorités de Baltimore (Maryland, USA) avaient conclu un accord avec la Chine pour l’envoi de 20 000 tonnes de déchets toxiques urbains au Tibet en échange de 1,44 millions de dollars. Greenpeace soulignait que le document chinois qualifiait la marchandise de heni, ce qui signifie limon de rivière en chinois. Les déchets urbains ne sont pas du limon de rivière, a protesté Greenpeace. Sous la pression internationale, l’envoi en question de déchets toxiques au Tibet n’a pas eu lieu.

Même l’agence de presse chinoise Xinhua a reconnu que des déchets nucléaires étaient déposés au Tibet. Le 19 juillet 1995, elle rapportait l’existence d’une décharge de 20 mètres carré pour les polluants radioactifs dans la préfecture autonome tibétaine de Habei, près des rives du lac Kokonor.

Des techniques d’enfouissement peu profond, considérées comme dépassées en Occident, ont par ailleurs été estimées suffisamment sûres en Chine. Concernant le site d’enfouissement des déchets hautement toxiques, les autorités chinoises ont affirmé que la Chine possédait un espace très étendu et qu’il serait donc facile de trouver un site. Le Tibet étant peuplé de minorités nationales et éloigné de Pékin, il constituerait, dans le mode de pensée chinois, un site idéal pour entreposer des déchets nucléaires. Selon un rapport de l’agence Reuter du 10 novembre 1993, la Chine construirait son premier centre d’enfouissement des déchets radioactifs dans la province aride de l’ouest à Gansu, et prévoirait la construction de trois centres supplémentaires au sud, au sud-ouest et à l’est de la Chine. Cela est en concordance avec ses projets ambitieux de pallier par le nucléaire au manque de charbon estimé à 150 millions de tonnes en 2000.

Les impacts locaux

L’entreposage des déchets radioactifs sur le plateau du Tibet affectera directement la vie des habitants et l’équilibre de l’environnement, à la fois à court terme et pour des milliers d’années.

Ainsi, la demi-vie de l’uranium (c’est à dire le temps nécessaire à ce qu’il perde la moitié de sa radioactivité) est de 4500 millions années. Par conséquent la radiation émise représente un péril durable et provoquera nombre de maladies mortelles, comme des cancers ou des leucémies. La radioactivité affecte aussi l’ADN dans les cellules vivantes, entraînant des modifications génétiques qui peuvent se transmettre de génération en génération chez les hommes, les animaux et les plantes.

L’exploitation de l’uranium

Les mines d’uranium sont situées dans diverses régions du Tibet. Les gisements d’uranium de Thewo (Ch Tewe) dans la préfecture Autonome de Gannan (au sud de la province de Gansu) sont connus pour être les plus importants du Tibet.

A la mine d’uranium de Thewo on prétend que les eaux usées, dangereuses, sont collectées dans des conteneurs de pierre de quarante mètres de haut avant d’être déversées dans la rivière voisine, que les gens utilisent pour boire. Des Tibétains réfugiés en Inde ont fait le bilan suivant sur les exploitations minières :

Plus de cinquante Tibétains de Thewo sont morts entre 1987 et 1991 de maladies mystérieuses. Les animaux domestiques meurent sans que la cause de la maladie n’ait pu être identifiée. Les arbres et les herbes se dessèchent. La rivière Jampakok est polluée, son eau est noire et sent mauvais.

Les impacts transnationaux

La plupart des sites de stockage de déchets radioactifs sur le plateau tibétain ont des normes de sécurité minimales, quand toutefois il y en a. Les effets des polluants radioactifs nocifs, déversés n’importe où sur le plateau, se feront sentir bien au-delà de ses confins, d’autant plus que c’est là que naissent dix des plus grands cours d’eau de l’Asie. Ce système fluvial influence de façon importante des zones écologiques interdépendantes qui partagent les mêmes anomalies climatiques.

La pollution atmosphérique

La pollution due aux déchets nucléaires sur le plateau du Tibet, en plus des conséquences locales, a également des implications transnationales. Les vents de haute altitude (les courants aériens) qui soufflent sur le plateau du Tibet peuvent transporter des polluants radioactifs sur toute la surface de globe, et ainsi avoir des conséquences sur d’autres pays puisque aucune frontière ne peut être bouclée pour contrôler la pollution atmosphérique. Le plateau du Tibet est une zone sismologique active. Par conséquent des accidents graves, dans des sites nucléaires et des usines d’armes atomiques, peuvent mettre en danger la vie des personnes et l’équilibre naturel de l’environnement. Lorsque s’est produit l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl dans l’ancienne Union soviétique en 1986, la poussière radioactive a voyagé sur 1529 km dans toutes les directions, causant des dommages irréparables parmi les populations et l’environnement.

La contamination de l’eau et du sol

M. Pan Ziqiang, directeur de la sécurité à la Compagnie nationale de l’industrie nucléaire, dirigée par l’État, a déclaré que jusqu’à maintenant tous les déchets radioactifs de la Chine avaient été déposés dans des conteneurs de béton qui ne sont sûrs que pour une dizaine d’années seulement. M. Luo Guozhen, du Bureau d’État pour la protection de l’environnement, a déclaré que 1200 personnes ont été fortement irradiées entre 1980 et 1985 et que vingt d’entre elles sont décédées. Il a affirmé que les directeurs, qui ignoraient les règlements concernant la manutention des déchets radioactifs, étaient en partie à blâmer pour les fuites de radioactivité.

En raison de leur vieillissement, les conteneurs de béton de déchets nucléaires enfouis dans le sol suinteront et contamineront l’eau des sources, et celles-ci sont généralement utilisées pour l’agriculture et la boisson. L’eau de source contribue pour une part significative dans les ressources en eau de la Chine.

Des rapports en provenance du Tibet confirment que les réserves souterraines en eau de l’Amdo diminuent à un rythme très rapide. Les nappes phréatiques qui constituent une des sources majeures des réserves d’eau potable, une fois contaminées, sont impossibles à nettoyer. Par conséquent, n’importe quel genre de pollution, mais particulièrement la contamination radioactive de l’eau du sous-sol, est particulièrement inquiétante.

La pollution des cours d’eau et les inondations

Les déchets radioactifs déversés au hasard près des cours d’eau polluent les rivières, les lacs et les sources. Comme le Tibet est le premier réservoir d’eau pour la majeure partie de l’Asie du Sud et du Sud-Est, l’impact de la pollution des sources sur la structure sociale et économique des peuples qui vivent dans les pays situés en aval s’avérera désastreux. Principalement à cause de la toxicité des déchets nucléaires ou des rejets industriels qui sont déversés. Des pays comme la Chine, le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh, la Birmanie, la Thaïlande, le Cambodge, le Laos, le Bouthan et le Vietnam seront sévèrement touchés et donc forcés de modifier leurs moyens d’existence.

Le déboisement massif du plateau du Tibet contribue largement aux inondations destructrices de plus en plus nombreuses qui se produisent chaque année. Des fleuves comme le Brahmaputre, le Yangtsé, le Hwangho, le Salween, le Sutlej, l’Indus, le Mekong et d’autres, peuvent également charrier des déchets d’origine nucléaire provenant des mines d’uranium du Tibet. Ces eaux se déversent en fin de parcours dans la mer d’Arabie, la baie du Bengale et la mer de Chine du Sud.

L’action internationale

Avant qu’il ne soit trop tard, des actions internationales et militantes doivent être menées pour faire comprendre aux Chinois, et à toute la communauté internationale, quelles sont les conséquences de la politique nucléaire de la Chine.

Il y a six mesures que la Chine et les autres états nucléaires doivent prendre pour un monde sans nucléaire et donc sans déchets :

- Poursuivre très sérieusement le but de l’éradication des armes atomiques.

- Entreprendre des réductions significatives, dans le temps, de l’arme nucléaire.

- Augmenter la transparence et le dénombrement des armes nucléaires.

- Bannir la production et la vente d’armes nucléaires.

- Appliquer un embargo international et des sanctions contre ceux qui rompent les traités.

- Faire prendre conscience au public et aux dirigeants politiques du danger que représentent ces armes.

Conclusion
Etant donné les piètres résultats du traitement des déchets nucléaires par la Chine et le manque de technologie pour le stockage des ces déchets, les conséquences de la nucléarisation du plateau tibétain sont véritablement alarmantes, aussi bien pour le Tibet, la Chine que pour les Etats voisins.

La poubellisation nucléaire du plateau du Tibet est un problème régional et international. Plus globalement, c’est un problème majeur, car c’est là que naissent les principaux cours d’eau de l’Inde, de la Chine, du Népal, du Pakistan, du Bouthan, de la Birmanie, du Bangladesh, de la Thaïlande, du Cambodge, du Vietnam et d’autres encore.

Le plateau de Tibet doit être sauvé d’un holocauste nucléaire. Cette responsabilité incombe au gouvernement chinois mais aussi aux Tibétains et à la communauté internationale. Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard. Sa Sainteté le Dalaï-Lama s’est fait le champion de la non violence et a proposé au gouvernement de la Chine que le Tibet devienne une zone de paix, comme il l’a déclaré dans son plan de paix en cinq points, le 21 septembre 1998, à Washington.

Raymond MEYERS

Source : Green Tibet