Monsieur le Président,
L’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN) vous adresse ses sincères félicitations et ses très vifs remerciements pour l’engagement que vous avez pris, au nom des Etats-Unis d’Amérique, de travailler sans délai et sans relâche à l’abolition des armes nucléaires.
Le discours que vous avez prononcé à Prague le 5 avril 2009 marquera, sur ce point, une étape historique sur la seule voie capable d’éviter à l’humanité de s’autodétruire par les armes nucléaires.
Nous nous réjouissons de voir le président des Etats-Unis reprendre à son compte un objectif que nous poursuivons avec conviction depuis la création d’ACDN en 1996 et même depuis ce jour de janvier 1986 où Mikhaïl Gorbatchev, alors à la tête de l’Union soviétique, a lancé son appel : « Plus aucune arme nucléaire d’ici l’an 2000 ! ». C’est donc à M. Gorbatchev que revient le mérite d’avoir esquissé l’utopie, à vous et à vos pairs que reviendra celui de la réaliser, à nous et aux « abolitionnistes » du monde entier qu’incombe la tâche de vous soutenir dans cette oeuvre de survie collective.
Le processus conduisant à un monde sans armes nucléaires ne sera certes pas simple. Il implique parallèlement la solution durable de conflits régionaux où des puissances nucléaires se trouvent impliquées, et la mise en place d’un véritable système de sécurité internationale. Mais il pourrait être rapide, dès lors que la volonté politique d’éliminer les armes nucléaires sera partagée par l’ensemble des dirigeants des Etats concernés, qu’ils soient ou non signataires du Traité de Non Prolifération. A cet égard, la pression des peuples peut être décisive. Il serait bon qu’elle s’exerce d’ici à la conférence de révision du TNP de 2010.
Les quelque 2800 villes du monde entier fédérées au sein des « Maires pour la Paix » peuvent y contribuer. La ville de Saintes (Charente maritime), siège social de notre association, y contribue. C’est la seule ville de France appartenant aux deux réseaux mondiaux abolitionnistes : « Abolition 2000 » et les « Maires pour la Paix ». Une « Flamme du désarmement nucléaire » y a été allumée en 2001. Elle accueille régulièrement des rencontres internationales pour le désarmement nucléaire, biologique et chimique.
Nous pensons que la France doit se joindre sans délai au processus que vous avez amorcé à Prague et annoncé la veille à Strasbourg. Nous pensons que le peuple français, qui n’a jamais été consulté, le souhaite profondément, n’ayant, pas plus que d’autres, vocation à devenir complice ou victime d’un crime inexpiable contre l’humanité. Nous invitons le président de la République Française, s’il devait en douter, à organiser un référendum sur cette question vitale.
Sur cette question précise mais essentielle, nous soutiendrons l’action du Président des Etats-Unis d’Amérique comme celle de tous les chefs d’Etat et de gouvernement qui voudront, avec sincérité et détermination, abolir les armes nucléaires. Nous appelons tous les citoyens du monde à en faire autant.
Respectueusement vôtres,
Pour ACDN,
Jean-Marie Matagne, Président
"Sud Ouest", Jeudi 9 avril 2009
Dans le bon sens mais...
NUCLEAIRE. Jean-Marie Matagne n’adhère pas totalement à la position de Barack Obama
Président d’Action des citoyens pour le désarmement nucléaire (ACDN), le Saintais Jean-Marie Matagne a analysé tous les termes du discours prononcé, dimanche dernier, à Prague par Barack Obama. Le nouveau président des
Etats-Unis y a réaffirmé sa volonté d’un désarmement nucléaire, thème qu’il avait déjà abordé lors de sa campagne électorale. "Je déclare clairement, et avec conviction, l’engagement de l’Amérique à rechercher la paix et la sécurité dans un monde sans arme nucléaire", a déclaré, notamment, le président Obama. Et il a annoncé "des pas concrets en direction d’un monde sans arme nucléaire".
Aux yeux de Jean-Marie Matagne, ces déclarations du président des Etats-Unis vont dans le bon sens. "Mais, parallèlement, Barack Obama favorise le maintien de l’Otan, développe un bouclier antimissiles -une vraie provocation envers la Russie- et incite les pays européens à augmenter leur budget militaire et à envoyer encore plus de militaires en Afghanistan", souligne-t-il.
Dès lors, Jean-Marie Matagne n’adhère pas totalement à la politique américaine et il se dit même en désaccord total avec un développement du nucléaire civil, préconisé aussi bien par les Etats-Unis que par la France. "Le développement de la technique nucléaire civile fait peser des menaces de prolifération des armes nucléaires", indique-t-il.
Et de regretter que ce sujet, toujours sensible, n’intéresse pas plus, en France, les médias et l’opinion publique. "Or, la puissance du feu nucléaire de la France permettrait de rayer de la carte 700 à 900 millions de personnes sur la planète. Et notre arsenal ne représente que 1,5 % de la totalité des armes nucléaires en service à travers le monde."
Photo Dominique Pariès : Jean-Marie Matagne, président d’ACDN.