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La France nucléaire, championne de la prolifération




Publié le 9 mars 2010

Selon une dépêche AFP du 8 mars, le ministre israélien des Infrastructures, Uzi Landau, devrait annoncer aujourd’hui, 9 mars, à l’occasion de la conférence sur l’accès au nucléaire civil qui se tient actuellement à Paris avec le soutien de l’OCDE et de l’AIEA, qu’Israël souhaite faire appel à la France pour construire une centrale nucléaire à laquelle la Jordanie serait intéressée.


Comme le rappelle cette dépêche, "Israël n’est pas signataire du Traité de non prolifération nucléaire et a fait savoir qu’il n’adhérerait pas non plus à un Moyen-Orient dénucléarisé, que défend le président américain, Barack Obama. Israël n’a jamais reconnu disposer d’un arsenal nucléaire, mais des experts étrangers affirment que l’Etat hébreu s’est doté de 200 ogives nucléaires ainsi que de missiles à longue portée."

Israël refuse aussi de soumettre ses installations nucléaires, dont celle de Dimona, aux inspections de l’AIEA, mais exige dans le même temps à cor et à cri, au nom du respect des règles du TNP que lui-même n’a pas signé, que l’Iran fasse l’objet de sanctions et au besoin d’une attaque militaire, sous la présomption de vouloir se procurer lui aussi la bombe.

Rappelons que la France a joué un rôle décisif pour permettre à Israël, avec la bénédiction des Etats-Unis, de se procurer l’arme nucléaire dans les années soixante. Elle en a fait autant avec l’Afrique du Sud (qui a démantelé par la suite ses 5 bombes et adhéré au TNP). La France a fourni à l’Irak le réacteur plutonigène "Osirak", qui aurait permis à Saddam Hussein de se procurer la bombe si l’aviation israélienne ne l’avait pas détruit en juin 1981, mais qui l’a incité à poursuivre dans cette voie jusqu’à la guerre du Golfe. Elle a signé avec le shah d’Iran des accords de coopération nucléaire et de fourniture d’uranium enrichi (Eurodif) qu’elle a résiliés par la suite, justifiant aujourd’hui la République Islamique de vouloir produire elle-même son combustible.

Pourtant, l’Iran riche en pétrole aurait pu et pourrait fort bien se passer de centrale nucléaire, et préparer la relève du pétrole en développant les énergies renouvelables. C’est ce que nous avions suggéré dès 2006 à ses représentants en France et qui aurait écarté de lui tout soupçon de vouloir détourner les matériaux fissiles à des fins militaires.

Israël, de son côté, n’a sans doute pas de pétrole mais regorge de soleil, comme l’Iran et le Moyen-Orient en général. Israël ferait mieux de devenir "un laboratoire et un domaine expérimental pour la plupart des alternatives" aux énergies fossiles, conformément au vœu du président Shimon Pérès qui déclarait le 18 septembre 2007 : "Nous voulons passer de l’énergie à base d’hydrocarbures à l’énergie solaire... On peut davantage compter sur le soleil que sur les Saoudiens".

Ni les uns et les autres n’ont besoin de centrales nucléaires, pas plus qu’ils n’ont besoin d’armes nucléaires. Le Moyen-Orient a seulement besoin de paix, de désarmement, de développement durable, de justice sociale, d’environnement sain et non-radioactif. Toutes choses que le nucléaire sous ses deux formes, militaire et civile, contribue à détruire.

Si Israël a de l’argent à consacrer au nucléaire, qu’il l’emploie plutôt à décontaminer la terre de Gaza pilonnée pendant l’opération "Plomb durci" avec des bombes radioactives GBU-39 lourdes en uranium appauvri.

Quant à la France, qu’elle cesse donc de jouer les apprentis sorciers au lieu de chercher à diffuser partout dans le monde, du Brésil à Israël en passant par le Sénégal, le Maghreb ou les Emirats Arabes Unis, ses produits nucléaires et sa quincaillerie militaire.


ADDENDUM : Comment Israël-Infos et un ministre israélien répliquent à un article d’ACDN paru quelques heures plus tôt.

Ce 9 mars, Israël-Infos réplique (Voir ci-dessous) en le réécrivant et sans le dire à l’article d’ACDN placé sur notre site et diffusé à la presse et aux médias dans la nuit précédente...

On notera que, comme dans notre article, Shimon Pérès est cité, mais seulement comme "superviseur" du projet de réacteur de Dimona que "dans les années 1950, la France a aidé à construire", pas comme père de la bombe israélienne acquise dans les années soixante grâce à ce réacteur, et pas non plus comme l’auteur des propos qu’il a tenus le 18 septembre 2007. En effet, ces propos contredisent directement l’assertion d’Israël-Infos selon laquelle "Israël, qui craint une future pénurie d’électricité, ne dispose ni de pétrole ni de production hydroélectrique, ni de sources alternatives de production d’énergie électrique. "

Il faut croire que notre article est également parvenu aux oreilles du ministre israélien des Infrastructures en déplacement à Paris, qui s’est cru obligé de déclarer :

"La technologie nucléaire a beaucoup d’usages positifs pouvant servir la cause de la paix et la coopération", a déclaré Uzi Landau, mettant en avant les aspects "sûrs et non préjudiciables à l’environnement du nucléaire civil".

Toutefois, le ministre ne semble pas avoir trouvé de réplique à ce que nous disions à propos de l’Iran et de Gaza.

ACDN


Israël-Infos

A LA UNE Numéro 939 - 09.03.2010 - 23 AdarI 5770

Israël veut une centrale nucléaire française

par Sarah Cohen

Participant à une conférence internationale sur le nucléaire civil qui se tient à Paris sous l’égide de l’OCDE et de l’AIEA, Uzi Landau, ministre des infrastructures a l’intention de faire appel à la France pour la construction d’une centrale nucléaire destinée, notamment, à la production d’électricité...

Il est arrivé à cette conférence avec l’idée d’un projet commun, mené conjointement par la Jordanie et Israël, La France fournissant la technologie.

Il semble que l’intention ait déjà été exprimée il y a quelques mois à Jean Louis Borloo, le ministre français de l’Energie.

Le nucléaire israélien reste cependant un sujet sensible : le pays n’est pas signataire du TNP (Traité de non prolifération nucléaire) et a toujours manifesté une opposition de principe à l’idée d’un Moyen-Orient dénucléarisé, tout en restant extrêmement discret sur ses propres capacités en matière de nucléaire militaire (mais les experts estiment que le pays dispose de 200 têtes nucléaires et de missiles longue portée).

Israël, qui craint une future pénurie d’électricité, ne dispose ni de pétrole ni de production hydroélectrique, ni de sources alternatives de production d’énergie électrique.

"La technologie nucléaire a beaucoup d’usages positifs pouvant servir la cause de la paix et la coopération", a déclaré Uzi Landau, mettant en avant les aspects "sûrs et non préjudiciables à l’environnement du nucléaire civil".

C’est la France qui, dans les années 1950, a aidé Israël à construire le réacteur de Dimona, un projet alors supervisé par l’actuel président israélien Shimon Peres.