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Armes nucléaires d’Israël : la preuve définitive




Publié le 25 mai 2010

"The Guardian" dévoile l’existence d’un accord nucléaire entre Israël et l’Afrique du Sud...

Sous ce titre, Le Monde.fr publie un article que nous reproduisons in extenso en annexe, en même temps que nous publions l’article original du Guardian en anglais, afin de permettre au lecteur de comparer le compte-rendu à l’original et de compléter son jugement.


Accompagné de la reproduction d’extraits du document sud-africain, l’article du Guardian devrait mettre un point final à la "politique d’ambiguïté" d’Israël.

Cependant, l’article du Monde, version électronique, qui en rend compte (voir ci-dessous) s’attarde sur le "démenti d’Israël". Mais il néglige de préciser 1°) que l’accord passé entre Israël et l’Afrique du Sud prévoyait que les deux parties en nieraient jusqu’à l’existence même, et 2°) qu’Israël a vainement fait pression sur l’actuel régime sud-africain pour l’empêcher de "déclassifier" les documents, datant de l’époque de l’apartheid, "dénichés par Sasha Polakow-Suransky". De sorte qu’Israël est devenu la seule des deux parties à respecter l’engagement d’"omerta" - la seule aussi qui soit encore intéressée à le faire.

Il n’y a donc pas lieu d’accorder le moindre crédit à ce genre de démenti, pas plus qu’il n’y avait lieu de croire le porte-parole de Tsahal quand il niait l’emploi de bombes au phosphore pendant l’opération "Plomb durci", pourtant visible aux yeux de tout le monde, avant de se rabattre ensuite sur cette "justification" : "On les emploie, mais ces armes ne sont pas interdites".

Il n’y aurait pas davantage lieu de croire Israël s’il niait - ce qu’il n’a pas fait jusqu’à présent, préférant sans doute le silence au "démenti" insoutenable - que les bombes GBU-39 d’origine américaine utilisées au même moment sur la bande de Gaza étaient massivement radioactives. Cf. notre RAPPORT Sur l’utilisation d’armes radioactives dans la Bande de Gaza pendant l’opération « Plomb durci » (27 décembre 2008 - 18 janvier 2009)

D’autre part, "Le Monde" ne nous dit pas qui avait pris les photographies publiées en 1986 par le Sunday Times, alors que l’article du Guardian cite Mordechai Vanunu et lui rapporte tout le mérite de cette révélation :

"L’existence du programme d’armement nucléaire d’Israël a été révélée par Mordechai Vanunu au Sunday Times en 1986. Il a fourni des photographies prises à l’intérieur du site nucléaire de Dimona et donné des descriptions détaillées des processus impliqués dans la production d’une partie des matériaux nucléaires, mais sans fournir de documents écrits."

("The existence of Israel’s nuclear weapons programme was revealed by Mordechai Vanunu to the Sunday Times in 1986. He provided photographs taken inside the Dimona nuclear site and gave detailed descriptions of the processes involved in producing part of the nuclear material but provided no written documentation.)"

Pour avoir rendu publiques ces PREUVES, admises comme telles par les experts, Mordechai Vanunu fut enlevé par le Mossad, jugé à huis clos et condamné à 18 ans de prison, dont onze en isolement complet, qu’il a purgés en Israël.

On notera que, si Le Monde avait cité le nom du "lanceur d’alerte", il aurait difficilement pu éviter de signaler que Mordechai Vanunu vient d’être renvoyé en prison, pas plus tard que dimanche dernier 23 mai...

Renvoyer Mordechai Vanunu aux oubliettes de l’histoire, c’est aussi le laisser croupir en silence dans les geôles d’Israël, de même d’ailleurs que Salah Hamouri.
(Voir notre lettre à l’ambassadeur d’Israël en France réclamant pour Mordechai Vanunu la liberté d’émigrer ainsi que la libération de Salah Hamouri.)

S’il n’est plus permis de s’interroger sur la nature nucléaire de l’Etat d’Israël, il est donc permis de s’interroger sur certains silences du Monde - comme d’ailleurs sur ceux de certains journalistes de la télévision d’Etat.




Le compte-rendu publié par Le Monde.fr  :

Selon des documents d’origine sud-africaine que le quotidien britannique The Guardian s’est procurés, Israël aurait offert en 1975 de vendre des têtes nucléaires à l’Afrique du Sud, encore sous le régime de l’apartheid.

La publication de ces documents, dénichés par Sasha Polakow-Suransky, un universitaire américain auteur d’un livre sur les liens entre Israël et l’Afrique du Sud, confirme des révélations faites peu après la fin du régime de ségrégation raciale par un ancien officier de la marine sud-africaine, Dieter Gerhardt, emprisonné en 1983 pour espionnage au profit de l’URSS. Il avait évoqué à sa libération un accord intitulé "Chalet", passé entre Shimon Pérès et Pieter Willem Botha, respectivement ministres de la défense israélien et sud-africain. Classé top secret, l’accord, qui n’a finalement pas abouti, prévoyait la fourniture de huit missiles à têtes nucléaires à l’Afrique du Sud, ainsi qu’une coopération militaire renforcée entre les deux pays. Mais jusqu’à présent, aucun document écrit n’était venu prouver son existence.

DÉMENTI D’ISRAËL

Ces révélations embarrassent considérablement Israël, qui a d’ores et déjà démenti le contenu de l’article du Guardian, alors que s’ouvrent cette semaine à New York des négociations sur la non-prolifération nucléaire au Moyen-Orient. "Il n’y a pas une once de vérité dans l’article du ’Guardian’, a déclaré Ayelet Frisch, porte-parole de Shimon Pérès. Nous déplorons que ce journal n’ait pas sollicité la présidence pour obtenir un commentaire. S’il l’avait fait, il aurait découvert que son article est erroné et sans fondement", a-t-elle ajouté. Elle a par ailleurs refusé de se prononcer sur l’authenticité des documents évoqués par Sasha Polakow-Suransky et publiés par The Guardian.

Un peu plus tard dans la matinée, la présidence israélienne a diffusé un communiqué précisant qu’"il n’existait aucun document israélien ou aucune signature israélienne sur un document indiquant que de telles négociations ont eu lieu", poursuit la présidence qui affirme que les conclusions du quotidien sont "fondées sur une interprétation sélective de documents sud-africains et non pas sur des faits concrets".

L’article met également à mal la position ambiguë d’Israël qui consiste, depuis des décennies, à ne pas nier la présence d’armes nucléaires dans son arsenal, sans toutefois en admettre ouvertement l’existence. Le quotidien britannique souligne en outre que ses informations discréditent le discours, tenu par les dirigeants israéliens, qui consiste à refuser tout accès au nucléaire aux pays jugés peu fiables, comme l’Iran.

L’existence d’armes nucléaires en Israël est avérée depuis 1986 : le britannique Sunday Times avait alors publié des photographies montrant l’intérieur du site nucléaire de Dimona, un site qui aurait produit plus de deux cents ogives nucléaires, et donné des descriptions détaillées des procédés utilisés pour la fabrication d’éléments nucléaires. Mais là encore, aucun document écrit n’était venu corroborer ces informations.

Audrey Fournier