[www.acdn.net] > A New York, les ONG abolitionnistes condamnent la pression de l’industrie nucléaire en faveur d’une "renaissance du nucléaire"
[ http://www.acdn.net/spip/spip.php?article615 ]

www.acdn.net > Accueil > Actualités > Articles d’actualité >


A New York, les ONG abolitionnistes condamnent la pression de l’industrie nucléaire en faveur d’une "renaissance du nucléaire"




Publié le 11 mai 2010

Les organisations non gouvernementales réunies à l’ONU pour la conférence d’examen du TNP expriment leur consternation face à la pression éhontée qui s’exerce pendant cette conférence en faveur d’un développement de l’énergie nucléaire. Elles condamnent la publicité mensongère faite par l’AIEA et par le groupe des 5 puissances nucléaires membres permanents du Conseil de sécurité ("P5") en faveur des prétendus "avantages" de l’énergie nucléaire, alors que "de 1986 à 2004, la mort de 985.000 personnes est imputable aux cancers provoqués par la catastrophe de Tchernobyl".


Nations Unies, New York, le 10 mai 2010

Les organisations non gouvernementales réunies dans le Forum d’Abolition 2000 expriment leur consternation face à la pression éhontée qui s’exerce pendant cette conférence en faveur d’un développement de l’énergie nucléaire. Elles ont, certes, accueilli favorablement l’engagement pris par les 5 Etats membres permanents du Conseil de sécurité (P5), dans leur déclaration du 5 mai 2010, "de créer les conditions d’un monde sans armes nucléaires". Mais elles condamnent la publicité mensongère faite en faveur de l’énergie nucléaire, supposée capable de "faire face au changement climatique, faciliter la réalisation des objectifs de développement du Millénaire et le développement durable, fournir la sécurité énergétique et permettre, au-delà de l’énergie, des applications vitales dans des domaines tels que la médecine nucléaire, l’agriculture et l’industrie" ; elles condamnent la promotion intensive du soi-disant "développement durable de l’énergie nucléaire pacifique" et de ses "usages pacifiques". (1).

Pour Alice Slater, directrice à New York de la Fondation pour la paix à l’âge nucléaire (Nuclear Age Peace foundation), "on se moque du monde en prétendant que la technologie nucléaire est apte à satisfaire nos besoins en énergie et à combattre le réchauffement climatique. En réalité, elle est promue par un lobby nucléaire non élu qui s’exprime par la bouche des gouvernements du P5, lesquels ont été incapables de mesurer les ravages causés à la santé humaine et à l’environnement par le cycle du combustible nucléaire à chacun de ses stades toxiques, de l’extraction du minerai d’uranium jusqu’aux dangereux rejets de poisons radioactifs dans l’air, l’eau et le sol, autour de chaque réacteur dit "pacifique"."

Le mois dernier, l’Académie des Sciences de New York a publié un rapport qui conclut, sur la base de faits établis aujourd’hui disponibles que quelque 985 000 personnes sont mortes à la suite de cancers imputables à la catastrophe de Tchernobyl, entre 1986 et 2004. (2)

"L’AIEA, dominée par l’industrie nucléaire, a été l’instrument qui a permis de masquer les effets désastreux sur la santé de la trégédie de Tchernobyl. Son unique rôle devrait être d’empêcher tout détournement à des fins militaires des matériaux fissiles, par des inspections rigoureuses et une surveillance de toutes les installations nucléaires existantes. Les pays ayant des besoins énergétiques à satisfaire ne devraient pas être exploités et mis en danger par les fournisseurs nucléaires mais devraient au contraire être encouragés à recourir à l’énergie sûre, propre, gratuite et abondante du soleil, du vent, des marées, de la géothermie, eet à devenir membres de l’Agence Internationale pour les énergies renouvelables, IRENA." (3)

Judith Berlyn, de l’Alliance Canadienne pour la Paix, déclare : “il y a un conflit d’intérêts intrinsèque à l’AIEA ; la même organisation ne peut pas à la fpos être responsable de la régulation et de la promotion de l’énergie nucléaire. Il est absurde de prétendre que l’énergie nucléaire est propre, comme l’a fait l’AIEA dans sa déclaration de lundi (4). On n’a aucun moyen de résoudre le problème des déchets radioactifs. Est-ce qu’ils s’imaginent que la terre est plate et qu’il suffit de pousser les déchets par-dessus bord ?"

Jean-Marie Matagne, pour ACDN, France, souligne que “L’énergie nucléaire ne compte que pour 3% dans la consommation finale d’énergie dans le monde. Il est totalement exclu de répondre aux besoins énergétiques grâce à l’énergie nucléaire. Actuellement, il y a environ 430 réacteurs de puissance en service dans le monde et l’AIEA est incapable de les contrôler tous, même maintenant. Comment pourrait-elle le faire s’il fallait doubler leur nombre, ne serait-ce que pour atteindre 6% de la consommation énergétique mondiale ? En outre, au niveau actuel de consommation, les ressources en minerai d’uranium seront épuisées d’ici environ 50 ans. Doubler le nombre des réacteurs signifierait que les ressources en combustible seront épuisées encore plus tôt. L’énergie nucléaire n’est absolument pas une solution ; elle représente au contraire un problème terrifiant, si l’on songe qu’à chaque instant les choses peuvent dégénérer comme elles l’ont fait à Tchernobyl.”

Vendredi 7 mai, les ONG ont lu devant les délégations diplomatiques de la Conférence d’examen un rapport accablant (5) sur les dangers inhérents à la prolifération du nucléaire civil, dont ceux liés à l’exploitation des mines d’uranium, tout particulièrement dans les pays en voie de développement dont les travailleurs sont soumis à des risques incroyables pour leur santé, d’abord pendant le processus d’extraction, puis du fait des poussières de roches concassées pendant le broyage et enfin de par la pollution des eaux au cours du raffinage. Le rapport a réfuté l’affirmation selon laquelle l’énergie nucléaire serait "neutre en carbone", en citant l’exemple de l’opération de mine d’uranium appelée "Barrage Olympique", qui est le plus grand producteur de gaz à effet de serre d’Australie.

Les ONG d’Abolition 2000 ajoutent : "En 2010, le droit inaliénable à l’énergie nucléaire invoqué par l’article IV du TNP est surtout devenu le droit inaliénable d’une industrie rapace à recevoir des subventions massives, le droit inaliénable d’exposer les citoyens aux dangers des rejets radioactifs de simple routine, et le droit inaliénable de provoquer à partir d’énormes quantités de déchets radioactifs des contaminations que la science est incapable d’empêcher."

"Nous ne contestons pas le droit de tous les peuples à disposer de sources d’énergie. La question n’est pas là. Mais s’il est encore besoin d’utiliser une carotte pour récompenser, dans le cadre du TNP, les Etats non nucléaires qui ne chercheraient pas à se procurer des armes nucléaires en profitant de la technologie énergétique, qu’au moins cette technologie soit propre et renouvelable. L’énergie nucléaire n’est ni l’un ni l’autre."

— 

(1) www.reachingcriticalwill.org/legal/npt/revcon2010/statements/5May_P5-full.pdf

(2) http://counterpunch.org/grossman04232010.html

(3) http://irena.org/

(4) www.reachingcriticalwill.org/legal/npt/revcon2010/statements/3May_IAEA.pdf

(5) http://www.reachingcriticalwill.org/legal/npt/revcon2010/ngostatements/NuclearEnergy.pdf