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Accident à la centrale nucléaire de Paluel (76)

Publié le 6 avril 2016

« Notre sécurité est menacée » selon Lætitia Sanchez (EELV)

Paris-Normandie.fr - 4/ 04/ 16 -

DIEPPE (NORMANDIE). Jeudi dernier, à l’occasion de la première opération française de grand carénage, sur la centrale de Paluel en Seine-Maritime, le générateur de vapeur du circuit primaire du réacteur n°2 a chuté de toute sa hauteur et de son poids, de près de 500 tonnes, droit sur la structure du réacteur. Pendant qu’EDF conclut que « l’événement n’a aucun impact, ni sur la sûreté des installations, ni sur l’environnement » et recherche les causes de l’événement, l’ASN va devoir rendre ses conclusions sur les impacts sur la structure du réacteur, l’unité de confinement et la piscine.

« Le scénario jugé ‘impossible’ et ‘irréaliste’ hier par l’exploitant EDF a hélas prouvé qu’il est une réalité aujourd’hui. Le syndicat FNME-CGT le redoutait, dénonçant ‘une continuité d’incidents depuis le début du chantier sur le remplacement des générateurs à vapeur ’. Les causes pointées par le syndicat sont à rechercher dans des « conditions de travail déplorables dues à la pression temporelle pour respecter les délais et les coûts, dépassements à répétition, (qui) ont entraîné des malfaçons et des pratiques à risques », souligne Lætitia Sanchez, présidente du groupe Normandie Écologie au conseil régional de Normandie.

« A Paluel, poursuit-elle, une note interne d’EDF a révélé que les diesels, ces groupes de secours qui permettent l’arrêt et le refroidissement des réacteurs en cas d’urgence, étaient tous classés en ‘état inacceptable’. Mais la situation est tout aussi préoccupante à Penly et à Flamanville, où les diesels sont classés d’’état dégradé’ à ‘état inacceptable’. A La Hague, la corrosion des évaporateurs dans l’usine de retraitement s’est accélérée, et le traitement des combustibles usés pourrait ne plus être possible dès 2018. Or, il faut 6 ans pour produire de telles pièces et la commande n’est pas passée ! C’est toute la logistique de la filière qui va gripper. Enfin, il y a l’EPR de Flamanville, tout près de la Hague – qui est déjà une catastrophe financière – : l’ASN, le gendarme du nucléaire, a alerté sur les malfaçons de la cuve, qui ne répond même pas aux normes d’avant Fukushima. C’est toute la filière nucléaire française qui est en quasi faillite et qui ne répond plus aux impératifs des sécurité des populations ».

« Il faut aujourd’hui compter en outre avec la menace terroriste. Plutôt que de licencier les personnels et de limiter les forces de sécurité, il faut au contraire augmenter les personnels compétents, et en nombre suffisant pour sécuriser les sites. Le parc nucléaire normand fait peser sur les populations et sur les territoires une menace inacceptable. Tous les voyants sont au rouge. Pierre-Frank Chevet, le directeur général de l’ASN, l’organisme chargé de la Sureté nucléaire en France, a tiré la sonnette d’alarme en mars dernier : ‘Il faut imaginer qu’un accident de type Fukushima puisse survenir en Europe’. Il est aujourd’hui urgent que l’ASN ait les moyens d’enquêter, qu ‘elle enquête, et qu’elle publie les bilans sur les centrales et les usines de retraitement.

« Nous réclamons un plan Orsec pour rétablir la sécurité sur l’ensemble du parc nucléaire.’Il faut en outre augmenter le périmètre de distribution de pastilles d’iode, aujourd’hui distribuées dans un périmètre de 10 kms – la norme actuelle se situant plutôt dans un périmètre de 100 kms. Nous l’avons demandé au Préfet dans un courrier le 19 janvier dernier. Enfin, il est urgent de programmer la sortie du nucléaire, et d’investir résolument dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables – plus sûres, moins chères et répondant aux impératifs de la COP21 », souligne Lætitia Sanchez.