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« Le nombre de morts ne fera qu’augmenter si aucune mesure n’est prise. Nous sommes dévastés par ceux qui ont déjà été tués et nous exigeons que cette guerre prenne fin », déclare Maya Rosen, une participante.
La veillée intervient à un moment où Israël réprime et punit sévèrement toute reconnaissance de la souffrance des Gazaouis ou des morts Palestiniens tués depuis le 7 octobre. Les premiers touchés sont les Palestiniens qui ont voulu pleurer leurs proches ou leurs amis, ou qui ont osé parler des atrocités commises à Gaza. De nombreux Palestiniens à travers Israël ont été arrêtés, menacés et forcés de quitter leur travail pour faire des déclarations sur les réseaux sociaux. Des Juifs israéliens ont également subi la répression.
« Dans le contexte actuel, il n’y a pas de place pour parler des souffrances, des pertes et des privations vécues à Gaza depuis le 7 octobre, ni des quelque 20 000 personnes, en majorité des femmes et des enfants, qui ont perdu la vie », a déclaré Itamar Israeli, un autre participant à la veillée.
Les personnes rassemblées devant l’ambassade américaine et dans la rue où réside Benjamin Netanyahu sont venues exprimer leur douleur pour toutes les victimes de cette guerre — palestiniennes et israéliennes — et exiger un cessez-le-feu immédiat. En liaison avec la veillée de Jérusalem, quelque 25 veillées parallèles étaient prévues dans le monde ce week-end, notamment à New York, Chicago, Boston, Pittsburgh, Toronto, Londres et Zurich.
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Déclarations de participants :
Erez Bleicher, à l’ouverture de la veillée : « Nous sommes ici pour pleurer publiquement les 20 000 morts Palestiniens dans la bande de Gaza, pour pleurer personnellement nos amis tués dans les frappes aériennes, pour déposer leur souvenir vivant et leur mort à la porte des responsables et pour exiger un cessez-le-feu permanent à partir de maintenant. Joe Biden, Benjamin Netanyahu, nous sommes devant l’ambassade américaine de Jérusalem et à quelques mètres de la maison du Premier ministre, parce que nous vous tenons, vous et vos gouvernements, pour directement responsables des 20 000 Palestiniens tués et de l’expulsion massive en cours à Gaza. Nous sommes ici déterminés à honorer publiquement leur mémoire, dans l’espoir que cette commémoration puisse même être une fragile protection pour les milliers de Gazaouis qui ont perdu la vie. Nous réclamons le droit de les pleurer publiquement tout comme nous pleurons simultanément les membres israéliens de nos communautés tués le 7 octobre. Nous ne permettrons pas que notre douleur profonde pour les 1200 Israéliens tués justifie de faire davantage de morts. Nous savons que la seule façon de mettre fin à cette angoisse collective est de bâtir un avenir de prospérité mutuelle au-delà de l’occupation, du blocus, des frappes aériennes, des invasions terrestres et des massacres. »
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Les jeunes prennent la parole : "Le deuil ne connaît pas de frontières. Cessez le feu !"
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Abigail Szor : « Il n’y a pas de gagnants dans la guerre. Je suis ici aujourd’hui parce que ceux qui ont été tués à Gaza ont des noms, des visages, des histoires. J’ai des amis là-bas qui ont perdu beaucoup de parents dans cette guerre horrible et douloureuse. Ma bonne amie a perdu sa mère, et je parle ici parce qu’elle ne peut pas parler, parce que ses paroles mettraient sa vie en danger. L’idée et la politique d’après lesquelles il est possible de déterminer le destin d’un peuple entier, de chercher à se venger, de tuer et d’être tué, et par là d’emporter la victoire, sont erronées et fallacieuses. Nous avons le choix entre continuer à sacrifier de nombreuses vies et faire encore plus de morts et de disparitions, ou bien accepter une solution politique qui est le seul moyen d’assurer une justice, une sécurité et un calme véritables et durables. Au-delà de la foi politique, ce qui me guide peut-être plus que jamais, c’est mon amitié avec mon amie de Gaza. Cela seul suffit à me faire comprendre sans équivoque que la présente réalité n’est pas nécessairement notre destin. Cette guerre est terrible et ne conduira personne à une solution ou une victoire. Mon seul espoir est qu’elle se termine immédiatement. Nous devons imaginer et créer une meilleure réalité en mémoire de ceux qui ne sont plus avec nous comme de ceux qui sont encore en vie. »
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Yossef Mekyton : « Khalil Abu Yahia, mon très cher ami, était un optimiste résolu et l’une des meilleures personnes que j’aie jamais connues. Il a été assassiné avec toute sa famille dans le sud de Gaza par une bombe israélienne. Mais à l’heure actuelle, la répression politique est telle que même le simple fait d’exprimer du chagrin à propos d’un ami palestinien qui a tellement souffert et a été assassiné est une cause de licenciement, d’interrogatoire, d’inculpation, d’arrestation et d’amende. Une société qui ne fait aucune place au chagrin et à la tristesse provoquées par la perte d’une vie – même si c’est la vie de quelqu’un qui n’est pas « des nôtres » – est pourrie jusqu’à la moëlle. Je pleurerai Khalil pendant bien des années. Aujourd’hui, si je le fais aussi en public, c’est pour prendre position politiquement. »
Oneg Ben Dror : « Chaque jour où le massacre se poursuit à Gaza, c’est une partie de notre humanité qui meurt. Les Palestiniens sont massacrés, emprisonnés, gravement torturés et pourchassés simplement pour avoir parlé, exprimé leur chagrin ou tenté de conserver leur gagne-pain. Il est de notre responsabilité collective de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour arrêter le génocide, le nettoyage ethnique et le déplacement forcé du peuple palestinien. N’acceptez pas l’horrible déshumanisation des vies Palestiniennes. Nous devons tous agir maintenant. »
Photos Omri Eran Vardi et Aryeh Leib
Traduction française : ACDN
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Les victimes palestiniennes frappent à la porte de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Jérusalem.
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Press Release