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Le 4e essai nucléaire de la Corée du Nord : point de départ de l’abolition des armes nucléaires ?
Par Jean-Marie Matagne


Publié le 6 janvier 2016

Après ceux de 2006, 2009 et 2013, le 4e essai nucléaire conduit « avec succès » par la Corée du Nord ce mercredi 6 janvier 2016 à 10h, heure locale (2h 30, heure de Paris) représente, d’après un communiqué du gouvernement nord-coréen publié dans un anglais parfois approximatif, « un pas de géant… vers la victoire finale de la cause révolutionnaire du Juche », c’est-à-dire du communisme et du marxisme-léninisme, revus et corrigés par le fondateur de la dite « République Populaire Démocratique de Corée » (RPDC), Kim Il-sung.


Les faits

Un séisme d’origine artificielle, d’une magnitude située sur l’échelle de Richter entre 4,9 (selon le Centre de sismologie chinois) et 5,1 (selon le Service Géologique US) a bien été détecté à cette heure-là. Selon l’Institut sud-coréen des sciences géologiques et minérales, son épicentre serait situé à 30 miles (49 km) du site de Punggye-si, où la RPDC a réalisé ses précédents essais.

D’après le gouvernement nord-coréen, il s’agirait d’une bombe H, la première du genre essayée par le régime et obtenue exclusivement grâce à la science, à la technologie et aux efforts nord-coréens.

John Carlson, qui a dirigé pendant plus de vingt ans le Bureau australien de sécurité et de non-prolifération estime pour sa part qu’il faut attendre d’avoir analysé les gaz émis par l’explosion pour confirmer la revendication nord-coréenne, ce qui pourrait prendre plusieurs jours. En effet, la magnitude relativement limitée du séisme (analogue à celle du précédent essai de 2013) ne semble pas correspondre à l’explosion d’une bombe H.

Mais le communiqué nord-coréen parle d’une bombe H « miniaturisée » (« a smaller H-Bomb »), et dans ce cas, ce serait selon John Carlson un « défi majeur », particulièrement s’il s’agit d’une version miniaturisée, qui exige en effet une expertise encore plus grande qu’une bombe H « ordinaire ». Un défi d’autant plus préoccupant que les bombes A précédemment testées par Pyongyang étaient probablement, selon lui, des engins d’une taille trop importante pour pouvoir être emportés par des missiles, ce qui ne serait plus le cas avec une bombe miniaturisée. Comme on sait, la Corée du Nord a un important programme spatial, dont les essais avaient notamment provoqué, en même temps que le 3e essai nucléaire de Pyongyang, la « crise des missiles nord-coréens » pendant toute la première moitié de 2013.

Cependant, il se pourrait aussi que les nord-coréens aient fait exploser un engin de faible puissance « boosté » au tritium, dans lequel l’isotope de l’hydrogène aurait subi une fusion partielle, ce qui leur permettrait de le décrire comme une bombe à hydrogène et de revendiquer une maîtrise supérieure à celle réellement atteinte. C’est l’avis d’un expert sud-coréen, Yang Uk, membre du « Forum de défense et de sécurité de Corée » : « Ils pourraient avoir testé un engin intermédiaire entre la bombe A et la bombe H, mais à moins qu’ils n’en apportent clairement la preuve, il est difficile de les croire » quand ils parlent de bombe H.

Mais il ne faut pas non plus sous-estimer les capacités de la Corée du Nord qui, malgré ses revirements tactiques ou plutôt grâce à eux, a fait preuve jusqu’à présent d’une belle constance, pour ne pas dire d’une terrible obstination.

La vision nord-coréenne

D’après le gouvernement nord-coréen, l’essai a été réalisé « d’une manière sûre et parfaite », « la plus parfaite qui soit de toute l’histoire », et il n’aurait eu « aucun impact négatif sur l’environnement écologique », malgré l’image d’un beau champignon atomique diffusée par la télévision nord-coréenne, si tant est que l’image corresponde à cet essai, qui doit plutôt avoir été souterrain. Il représente « une étape supérieure dans le développement de la force nucléaire », et atteste que la RPDC « rejoint fièrement les rangs des Etats nucléaires possesseurs de bombes H » en acquérant « la plus puissante des armes de dissuasion ».

Cet essai est « une mesure d’autodéfense prise par la RPDC pour protéger fermement la souveraineté du pays et son droit vital à se défendre contre la menace nucléaire et le chantage sans cesse croissants des forces hostiles conduites par les Etats-Unis, et pour sauvegarder la paix et la sécurité régionale dans la péninsule coréenne ».

Pour Pyongyang, « les Etats-Unis sont un gang de voleurs cruels qui, non content d’avoir imposé à la RPDC un isolement politique inouï, trois fois maudit, un blocus économique, une pression militaire, pour la seule raison qu’elle a une idéologie et un système social différents, a tout fait pour en arriver à un désastre nucléaire… »

« La péninsule coréenne et sa région sont en train de devenir le point le plus chaud du monde. Elles risquent de s’embraser dans une guerre nucléaire depuis qu’elles sont constamment menacées par tous les moyens de frappe nucléaire des agresseurs impérialistes US, dont le groupe naval et le groupe aérien de frappes nucléaires. »

C’est pourquoi il n’y aura de la part de la RPDC, « ni arrêt du développement nucléaire ni démantèlement nucléaire, à moins que les Etats-Unis ne cessent leur politique d’hostilité à son égard ».

La vision des autres

Le gouvernement nord-coréen est apparemment le seul de son avis. Mais il s’y tient, convaincu de son bon droit.

Les condamnations se multiplient dans le monde. A la demande des Etats-Unis et du Japon, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit aujourd’hui pour réagir à la « provocation » nord-coréenne et peut-être prendre de nouvelles sanctions. La Chine, elle aussi, s’« oppose fermement » à cet essai dont elle n’avait pas été avertie ; elle presse son turbulent allié de « respecter ses promesses de dénucléarisation et de cesser toute action qui ne ferait qu’aggraver la situation ». Mais il n’est pas dit que les instances chinoises aient un effet quelconque sur Kim Jong-un, pas plus que les sanctions économiques internationales qui ne sont pas parvenues dans le passé à le faire plier, ni son père Kim Jung-il, ni son grand-père Kim Il-sung, et qui risquent surtout de frapper un peu plus la population nord-coréenne, tout en semblant donner raison au gouvernement de Pyongyang.

Prendre du recul

Alors que l’unité paraît se faire entre elles pour condamner la course à l’arme atomique de Pyongyang, le moment ne serait-il pas venu pour les cinq puissances nucléaires membres permanents du Conseil de sécurité, Etat-Unis compris, de prendre au mot, c’est-à-dire à contrepied, le régime de Pyongyang ?

La dictature nord-coréenne est l’une des pires que la seconde moitié du XXe siècle ait connues, avec celle des Khmers Rouges. Elle a condamné à mourir de faim deux millions de ses sujets, peut-être plus, soit près de 10 % de sa population, préférant consacrer la quasi-totalité des ressources du pays à sa police, son armée et son armement, en particulier nucléaire. Aujourd’hui, le régime se maintient en partie par la peur, mais aussi par l’endoctrinement, l’encadrement et l’adhésion des esprits endoctrinés. Le sentiment national, l’impression d’encerclement et d’injustice, contribuent eux aussi à la militarisation des esprits.

Et comment ne pas donner raison au régime lorsqu’il s’élève contre le double langage des Américains -mais aussi, implicitement, des Russes, des Britannique, des Français, voire des Chinois - qui s’autorisent à conserver des armes de massacres qu’ils voudraient interdire aux Nord-Coréens et dont ils agitent eux-mêmes la menace ? Comment ne pas remarquer que le délire de destruction des planificateurs du Strategic Air Command US dans les années cinquante ne le cédait en rien à l’actuelle folie du dynaste de Pyongyang ?

Ne serait-il pas temps de changer d’état d’esprit et de méthode ?

Un précédent qui mériterait d’être suivi

En décembre 1987, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev signaient à Washington, pour les Etats-Unis et l’Union Soviétique, le premier grand traité de désarmement nucléaire, qui éliminait d’Europe les Forces Nucléaires Intermédiaires. Deux ans plus tard, le mur de Berlin s’écroulait, et dans la foulée, le régime soviétique, alias « l’Empire du mal » selon Ronald Reagan…

Ce ne sont en effet ni les armes, ni la guerre chaude (la guerre tout court), qui ont mis fin à la guerre froide. C’est le désarmement. Le désarmement nucléaire. Qui a ouvert la voie au désarmement des esprits. Renoncer à ses armes nucléaires, quand on en a, c’est montrer patte blanche au loup d’en face, démontrer qu’on n’est pas l’Ennemi, c’est changer d’air et changer d’ère.

L’un des négociateurs du traité de Washington déclara à l’autre : "Nous sommes en train de vous faire quelque chose de terrible : nous allons vous priver d’ennemi." Bien qu’elle se retournât contre son camp, sa prévision était juste.

Et si le 4e essai nucléaire de la Corée du Nord, qu’il soit ou non celui d’une bombe H, sonnait le tocsin en faisant l’unanimité contre lui et marquait, pour tous les peuples et pour tous les Etats, une prise de conscience accrue de la gravité du danger nucléaire ?

Si pour les cinq « grandes puissances » dotées d’armes nucléaires comme pour celles, non moins « grandes » et non moins redoutables, qui se situent dans d’autres « points chauds » de la planète (Israël, l’Inde et le Pakistan), il marquait le point de départ d’un processus « inouï, trois fois béni » : l’abolition des armes nucléaires ?

Le meilleur moyen de désarmer Kim Jung-un ne serait-il pas, finalement, de désarmer soi-même, de le priver d’ennemi(s), de priver de raison d’être sa dictature militaire... et d’autres de par le monde ?

Le "grand pas vers la victoire du Juche" pourrait alors devenir un grand pas... vers un monde pacifié.

Faudra-t-il dans ce cas le regretter ? Certes non. Même si, pour l’instant, on doit s’en inquiéter.

Jean-Marie Matagne, le 6 janvier 2016


Communiqué de la RPDC


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