Pour la première fois, un missile tueur de missile atteint sa cible une fois larguée de sa fusée porteuse. La firme Raytheon s’enthousiasme.
Par David Wichner
©ARIZONA DAILY STAR
Le 18 novembre 2005
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Traduction française ©ACDN
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Standard Missile-3
Caractéristiques : Vitesse élevée. Missile long de 21 pieds, équipé d’un moteur de 3e étage de fusée, d’une tête non explosive "frapper pour tuer", et guidé par satellite.
Coût unitaire : non communiqué.
Mise en œuvre : Tiré depuis navire en vue d’intercepter et de détruire dans l’espace des missiles balistiques à courte et à moyenne portée. Elément du programme Aegis de défense anti-missiles balistiques conduit par l’Agence de Défense Anti-missiles des Etats-Unis.
Jeudi 18 novembre dans la matinée, un missile construit par Raytheon Missile Systems a poursuivi et détruit dans l’espace, au-dessus des îles Hawaï, une tête de missile balistique, tandis que des centaines de collaborateurs de Raytheon suivaient l’opération par satellite depuis Tucson et saluaient sa réussite par des hourras.
L’interception était le sixième test réussi pour le Standard Missile-3, un élément du système de défense anti-missiles Aegis basé sur des navires, sur une série de 7 essais commencée en 2002.
C’était le premier essai impliquant une cible « séparée » - une tête de missile ayant déjà quitté sa fusée porteuse, d’après l’Agence de Défense Anti-missiles du Pentagone.
« Frapper quelque chose comme ça dans l’espace est un tour de force bien plus grand que lorsque c’est encore attaché à sa grosse fusée porteuse”, a declaré le porte-parole Richard Lehner.
La réaction a été tapageuse à Tucson.
“Nous sommes tous excités et nous braillons”, a raconté jeudi après-midi Edward Miyashiro, le vice-président de Raytheon, responsable des systèmes navals. Quelque 400 ingénieurs et autres salariés de Raytheon suivaient en direct par vidéo le vol d’essai, dans un auditorium situé dans l’usine de Raytheon, près de l’Aéroport international de Tucson.
Raytheon, la plus grande entreprise privée du Sud de l’Arizona avec plus de 10 000 employés, est le principal partenaire pour la construction du Standard-Missile 3, ou SM-3. Lockheed Martin est le principal partenaire pour l’ensemble du système d’armes Aegis.
Le test de jeudi a commencé par le lancement, vers 11 heures du matin (heure de l’Arizona), d’une fusée porteuse d’un missile de portée intermédiaire, depuis la base de missiles du Pacifique installée à Kauai, dans l’île d’Hawaï.
Le croiseur “USS Lac Erié” basé à Pearl Harbor a détecté le missile et environ 5 minutes plus tard a lancé l’intercepteur SM-3. Six minutes après ce lancement, le missile d’interception a touché la cible dans l’espace, à plus de 100 miles au-dessus de l’Océan Pacifique.
L’intercepteur utilisait la technologie “frapper pour tuer”, ce qui veut dire que la tête de missile servant de cible a été détruite lorsque le missile d’interception est entré directement en collision avec elle. Jusqu’à jeudi, les essais se faisaient contre des cibles globales, pas encore séparées, semblables aux missiles balistiques du type Scud.
Miyashiro a souligné que le test avait été réalisé dans des conditions « opérationnelles ». L’équipage du croiseur n’avait pas été averti du lancement, et les participants au test ont effectué l’exercice « comme dans un contexte de guerre réel », a fait savoir la firme.
“C’est aussi réaliste que possible”, a déclaré Miyashiro.
Ce test réussi était d’une importance décisive au moment où le Congrès examine le budget de la défense.
Raytheon a livré depuis l’an dernier neuf exemplaires du Standard Missile dans sa version actuelle, la première (SM-1), et compte en livrer deux de plus d’ici la fin de l’année, selon la société. Ni l’armée, ni Raytheon n’ont révélé le coût estimé de chaque missile.
“Ce que nous espérons, grâce à nos succès continus et notre capacité de mener à bien cette mission extrêmement difficile, c’est que le Congrès décide d’en acheter davantage », a déclaré Miyashiro.
L’analyste des questions militaires John Pike, directeur de GlobalSecurity.org, a dit que le succès des tests de missiles est de bon augure, mais qu’il n’est pas certain que le gouvernement veuille acheter suffisamment de missiles pour rendre fiable le bouclier anti-missiles.
Selon lui, « la question n’est pas : ‘Est-ce que ça marche ?’. La question est : ‘Est-ce que je m’inquiète encore suffisamment des missiles nucléaires de la Corée du Nord ?’ »
Contact reporter David Wichner at 573-4181 or
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