De source bien informée, on apprend que les services de sécurité de l’Elysée sont plongés dans un désarroi sans précédent.
Ils avaient perdu la trace du Président mais l’ont heureusement retrouvée, grâce à un magazine people dont nous tairons le nom par mesure de discrétion. Le Président était parti en goguette, mais il en est revenu indemne. Grâce à la vigilance à toute épreuve de son garde du corps personnel, équipé de jumelles et doué d’un flair exceptionnel, il a échappé de peu à un enlèvement crapuleux dans l’immeuble hébergeant ses ébats, immeuble qui appartient, aux dires de Mediapart, à une branche de la mafia corse. Il aurait également échappé, aux dires d’autres observateurs, à un enlèvement politique commandité par Al Qaida. Bien entendu, en pareil cas, la France, fidèle à ses principes, n’aurait versé aucune rançon.
Mais la crise connaît un nouveau et tragique rebondissement.
Au cours des aventures sentimentales du président, on a égaré sa valise atomique. Celle-ci le suit absolument partout, comme le rappelait Hélène Vissière, correspondante du Point à Washington, dans son édition du 15 mai 2012 : "Chaque président français, lorsqu’il se déplace, est toujours accompagné d’un aide de camp dont la principale tâche est de transporter la mallette nucléaire, un attaché-case qui contient un terminal portable et permet de déclencher la frappe nucléaire." (1)
Cette mallette est volumineuse et pèse une vingtaine de kilos. Le garde du corps du Président en était-il chargé ? La transportait-il sur le porte-bagages de son propre scooter ? Quelqu’un l’aurait-il prise pendant qu’il explorait le hall de l’immeuble voué aux jeux de l’amour et du hasard ? Nos sources sont muettes à ce sujet. Ou bien un troisième personnage, l’aide de camp porteur de valise, suivait-il comme leur ombre le garde du corps et le corps présidentiel lui-même, au cours de leurs équipées nocturnes ? Etait-il juché sur un troisième scooter, ou bien au volant d’une voiture-balai ? Dans le premier cas, la valise aurait-elle disparu pendant qu’il tuait le temps au fond d’un bar de nuit ? Dans le second, fut-elle volée sur la banquette arrière pendant qu’il était assoupi au volant ? Là encore, nos sources sont muettes sur le sujet.
Une chose est sûre : la valise a disparu. Tant qu’elle ne sera pas récupérée, la France sera privée de défense à la première crise venue : elle ne peut plus expédier de mégatonnes aux antipodes ni tuer là-bas des millions de personnes. La voilà plongée dans l’insécurité.
L’affaire se complique du fait que le Président, de son côté, a perdu le "biscuit" : la carte où est inscrit le code nucléaire. Comme le firent avant lui les présidents Carter, Clinton, Reagan aux Etats-Unis, et Mitterrand chez nous. Il ne sait plus ce qu’il en a fait : l’a-t-il égaré dans son bureau, chez lui, chez Valérie, chez Julie, ou bien dans un costume envoyé au pressing, comme François Mitterrand ? Le lui a-t-on subtilisé ? Mais où, quand, comment, et surtout : qui ? La question est capitale : si le code nucléaire se retrouve dans les mêmes mains que la valise, la France n’est pas seulement devenue impuissante, elle est menacée d’anéantissement par ses propres armes nucléaires. Aux antipodes, foi de kangourou, on appelle cela : une frappe boomerang.
Espérons qu’au cours de la conférence de presse que doit tenir le président de la République ce mardi après-midi, il se trouvera au moins un ou une journaliste pour lui poser la question :
"Monsieur le Président, que sont la valise et le code nucléaires devenus pendant vos frasques amoureuses ?"
Si l’on trouve la question trop osée, d’autres seraient possibles, par exemple celle-ci :
"Monsieur le Président, vous qui aimez tellement les gens et notamment les femmes, pourquoi tenez-vous tellement à disposer d’armes qui vous permettent d’en occire des millions d’un seul coup ?"
Version encore plus soft de cette question, posée à François Hollande le 5 juin 2012 par Mgr Christophe Dufour, archevêque d’Aix et Arles :
Monsieur le Président... "Approuvez-vous que la France participe avec les autres Etats concernés à l’élimination complète des armes nucléaires sous un contrôle mutuel et international strict et efficace ?" (2)
C’est exactement la question que, depuis 17 ans, l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire demande de voir poser aux Français. C’est celle que nous avons voulu poser à François Hollande à huit reprises avant son accession au pouvoir, sans jamais recevoir de réponse. C’est celle que nous aurions souhaité lui poser ensuite en le regardant dans les yeux. Mais une grève de la faim de 42 jours n’a pas suffi à nous ouvrir les portes de l’Elysée. Il est vrai qu’aucun de nous ne se prénommait Julie ou Valérie.
Ce président n’est pas seulement un coureur de jupons - ce qu’on pourrait lui pardonner, vu la tradition nationale. Comme dirait Rabelais, ses frasques, "on s’en tamponne le coquillard". Mais en matière politique, c’est un lâche, c’est un inconséquent, c’est un menteur (voir ses promesses de campagne), c’est un irresponsable. Bref, un faquin.
Car tel est le constat, et j’attends que ce président-là me poursuive pour "injure à chef de l’Etat". Cela me permettrait de soulever une Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) : est-il conforme à la Constitution française de prétendre défendre la patrie des Droits de l’Homme en préparant l’exécution de crimes contre l’humanité ?
C’est la question fondamentale que "l’affaire Julie Gayet" devrait permettre de poser. Si seulement il se trouve des journalistes pour oser la poser, et des membres du Conseil constitutionnel pour oser y répondre.
Jean-Marie Matagne, le 14 janvier 2014
(1)
- Valise atomique, "Le Point", 15 mai 2012
(2)
- Lettre de Mgr Dufour à François Hollande, 5 juin 2012
DEUX VALISES NUCLEAIRES
- Yellow NUCLEAR Biefcase
- Black NUCLEAR Briefcase
DEVINETTE : Vous êtes un terroriste d’Al Qaida, vous voulez dérober une valise nucléaire. Laquelle choisissez-vous ?
[_] la jaune [_] la noire