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Saintes commémore le 70e anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki Publié le 10 août 2015 CEREMONIE DU 6 AOÛT Une cinquantaine de personnes ont pris part à cette émouvante cérémonie. Quatre départements étaient représentés dans l’assistance : la Charente-Maritime (Saintes bien sûr, mais aussi Saint Pierre et Saint Georges d’Oléron, Saint Jean d’Angély, Pons, Mirambeau, Gémozac, Matha...), la Charente (Cognac), les Deux-Sèvres (Niort, Parthenay, la Gatine), la Gironde (Bordeaux). Jean-Michel Audoire (ACDN) introduit la cérémonie : « Nous sommes assurément bien moins nombreux que la foule qui a commémoré à Hiroshima, il y a dix heures, le bombardement de 1945. Mais Hiroshima compte aujourd’hui 1,2 million d’habitants, Saintes environ 40 fois moins. Et surtout, malgré le tribut humain qu’elle a payé, en 2000 ans d’histoire, à de nombreuses guerres, y compris à la 2e guerre mondiale, Saintes a la chance insigne de n’avoir connu ni le massacre d’Oradour-sur-Glane, ni ceux d’Hiroshima et de Nagasaki. Il faut donc faire un effort sur soi pour en imaginer l’horreur et, plus encore, pour réaliser que, 70 ans plus tard, nous en sommes toujours, nous aussi, chaque jour menacés. C’est cet effort que vous avez fait en venant ici. Soyez-en remerciés. » Jean-Marie Matagne, président d’ACDN, rappelle les circonstances et les motifs du bombardement d’Hiroshima, dans les termes, confirmés depuis, de son étude publiée en août 2000 sous le titre Hiroshima, Nagasaki : une histoire méconnue et des leçons plus que jamais d’actualité. Marie-Line Cheminade, 1ère adjointe au Maire de Saintes, qui représente la Ville, expose le sens de sa présence. Catherine Quéré, députée de Saintes et Saint Jean d’Angély, Brigitte Favreau, conseillère départementale de la Charente-Maritime, Benoît Biteau, conseiller et vice-président de la Région Poitou-Charentes, en font autant, ainsi que Georges Mounier au nom de l’Union Locale des associations d’Anciens Combattants. Voir ci-après le texte de leurs interventions. Puis Patrick Moquay, ancien maire de Saint Pierre d’Oléron, explique pourquoi il a fait adhérer sa ville, comme Saintes, en 2008 au réseau Abolition 2000 et à l’association des Maires pour la Paix. Il lit ensuite le message que M. Kazumi Matsui, maire d’Hiroshima et président des Maires pour la Paix, a adressé à ACDN pour cette cérémonie. Chacun entend son appel à œuvrer pour l’abolition des armes nucléaires et pour un monde de paix. Voir ci-dessous le texte de ce message. Mme Cheminade rallume la Flamme du Désarmement Nucléaire avec M. Matagne, puis dépose avec Aude Labat (ACDN) un bouquet de fleurs blanches, à l’instar de celles que les Japonais déposent ou jettent dans le fleuve Otha pour évoquer l’âme de leurs morts. L’assistance observe une minute de silence en mémoire des victimes d’Hiroshima, tandis que les Anciens Combattants mettent leurs drapeaux en berne. Puis chaque participant allume une bougie qu’il vient déposer au monument aux morts, près de la Flamme principale. Rendez-vous est pris pour le 9 août à 10h 45 au même lieu, afin de rendre cette fois hommage aux victimes de Nagasaki et d’éteindre provisoirement la Flamme du Désarmement Nucléaire. Elle sera de nouveau allumée en octobre prochain, à l’occasion des Rencontres pour un Monde Vivable Dénucléarisé. Plusieurs radios locales et régionales ont annoncé les manifestations du 6 et du 9 août, diffusé des interviews du président d’ACDN et évoqué le 70e anniversaire des bombardements atomiques dans leurs journaux du 6 août : France Bleu La Rochelle (16 et 17), Radio Terre Marine, Demoiselle FM, Alouette FM, Collines FM (79), Antenne d’Oc (46)... Sud Ouest a rendu compte de la cérémonie le jour même, dans un article en ligne. Le "piéton" de Saintes y a fait allusion dans l’édition papier du 7 août. Article en ligne de Fabien Paillot dans Sud Ouest Article d’Aline Ledoux dans Haute Saintonge Message du maire d’Hiroshima * C’est un honneur et un plaisir pour moi de vous adresser ce message à l’occasion de la cérémonie commémorative d’Hiroshima-Nagasaki. Le 6 août 1945, une seule bombe atomique a réduit Hiroshima à l’état de plaine brûlée. Des enfants aux vieillards, des dizaines de milliers de civils innocents ont perdu la vie en une seule journée. A la fin de l’année, on comptait 140 000 victimes décédées. La bombe atomique est un « mal absolu », qui dépouille les personnes de leurs familles aimantes, de leurs rêves d’avenir, et plonge leurs vies dans les tourments. Le « mal absolu » est insensible aux menaces et aux contre-menaces, à la mort donnée ou reçue. La force militaire ne fait que susciter de nouveaux cycles de haine. Pour éliminer le mal, nous devons passer outre la nationalité, la race, la religion et autres différences, nous devons faire valoir les relations de personne à personne, et construire un monde qui permette un dialogue tourné vers l’avenir. A cette fin, nous souhaitons que chacun à travers le monde partage l’expérience et les vœux de paix de nos hibakusha et que chacun s’engage avec eux sur le chemin qui mène à l’abolition des armes nucléaires et à la paix mondiale. Les Maires pour la Paix, qui rassemblent aujourd’hui plus de 6700 villes, entendent promouvoir résolument le mouvement qui souligne les conséquences inhumaines des armes nucléaires et cherche à rendre celles-ci hors-la-loi. Nous contribuerons à renforcer l’opinion internationale qui exige que s’ouvrent enfin des négociations en vue d’établir une convention sur les armes nucléaires qui aura pour but de les abolir totalement d’ici à 2020. Chacun de nous contribue à déterminer l’avenir de l’humanité. Mettez-vous, s’il vous plaît, à la place des hibakusha. Imaginez que leur expérience, y compris celle du jour qui les précipita aux fins fonds de l’enfer, soit la vôtre ou celle de l’un de vos proches parents. Pour être sûrs que les tragédies d’Hiroshima et de Nagasaki n’arriveront jamais une troisième fois, nous espérons que le plus grand nombre possible de personnes communiquera, pensera et agira avec les hibakusha, pour un monde pacifique, sans armes nucléaires et sans guerre. En ce sens, votre cérémonie d’Hiroshima-Nagasaki est réellement significative et j’exprime mon plus grand respect pour votre engagement. J’aimerais demander à chacun d’entre vous, conformément au désir des hibakusha, de poursuivre ses efforts pour éliminer le mal absolu des armes nucléaires et réaliser un monde de paix. Pour conclure, je vous adresse mes meilleurs vœux de succès pour cet événement ainsi que de santé et de bonheur pour tous ceux qui y participeront. Le 6 août 2015 Kazumi MATSUI * Traduction ACDN. Intervention de Jean-Marie Matagne, président d’ACDN Le 6 août 1945, à 8 heures 15, heure locale, l’équipage du bombardier américain « Enola Gay » larguait sur Hiroshima la première bombe atomique utilisée sur une ville. Elle explosait une minute plus tard. Baptisée « Little Boy » (« P’tit Gars »), il s’agissait d’une bombe à l’uranium en unique exemplaire, dont le modèle n’avait encore jamais été expérimenté. La première estimation de l’armée américaine chiffra à 78 150 le nombre des tués, mais il faut multiplier ce chiffre par deux ou trois pour approcher de la réalité. Fin 1945, elle avait déjà fait 140 000 morts. Quant aux survivants (les « hibakusha »), ils furent marqués à vie dans leur chair, leur esprit et leurs relations sociales. Ce que l’on sait moins, c’est que l’opération avait été conduite comme une véritable expérience scientifique. Depuis près d’un an, une unité spéciale d’aviation s’entraînait exclusivement à ce nouveau type de bombardement, et depuis la mi-janvier 1945 - avant même l’échec de la contre-offensive allemande dans les Ardennes- elle le faisait sur des distances impliquant que l’objectif ne serait pas l’Allemagne, mais le Japon. La commission chargée de préparer l’opération avait recommandé de la conduire « sur des villes populeuses » et « sans avertissement ». Le 16 avril 1945, quatre des plus grandes villes japonaises après Tokyo (ravagée par des bombardements classiques et incendiaires, dont celui du 9 mars) avaient été retenues comme cibles potentielles et interdites de tout bombardement, afin de pouvoir attribuer à la seule bombe atomique les dégâts observables. Par ordre de « préférence », il s’agissait de Hiroshima, Niigata, Kokura et Nagasaki ; un scrupule « humaniste » avait écarté de cette liste la ville de Kyoto, vieux centre culturel et religieux. Le 6 août, trois avions éclaireurs précédaient l’« Enola Gay », pour lui signaler dans un code convenu l’état météorologique au-dessus des trois villes-cibles, Hiroshima, Kokura et Nagasaki (Niigata ayant été retirée de la liste pour des raisons techniques), car le bombardement ne devait pas se faire au radar mais « à vue », afin d’obtenir un maximum de précision. L’exceptionnel beau temps -au demeurant prévu dès le 16 avril par un météorologiste norvégien spécialiste du Japon- qui régnait ce matin-là au-dessus de Hiroshima la confirma comme une cible idéale. Deux avions d’observation suivaient à distance l’« Enola Gay », l’un pour larguer des appareils de mesure au-dessus de la ville bombardée, l’autre pour filmer et photographier. En tout six B-29, volant pratiquement hors de portée de la DCA ; mais pour dissuader de prendre l’air les rares avions de chasse japonais encore en état de le faire et pour déjouer les mesures de défense passive, les villes-cibles avaient été régulièrement survolées les jours précédents par des avions isolés qui ne les bombardaient jamais. L’heure du bombardement ne devait rien non plus au hasard : les habitants habitués aux fausses alertes vaquaient déjà à leur travail. « L’exécution » fut « un succès complet », et lorsqu’il l’apprit au milieu de l’Atlantique sur le vaisseau qui le ramenait de la Conférence interalliée de Potsdam, le président Truman s’exclama : « C’est le plus grand jour de l’histoire ». Revenu aux Etats-Unis, dans un discours radiodiffusé à la nation américaine, il put remercier Dieu d’avoir donné sa préférence aux Américains. Le 9 août au matin, ce fut le tour de Nagasaki. Entre-temps, la météo s’était gravement détériorée, mais c’est encore elle qui détermina le sort de cette autre ville, ainsi qu’un détail à peine imaginable, dont nous parlerons dimanche prochain. Quant aux « grandes raisons » de ces deux grands massacres, on en a évoqué principalement deux, pareillement discutables. La première est qu’il s’agissait d’écourter la guerre nippo-américaine et d’épargner ainsi des vies de soldats américains. En réalité, avant même l’ouverture de la Conférence interalliée de Potsdam, le Japon souhaitait capituler. Les Américains le savaient depuis le 13 juillet : leurs services de renseignement avaient intercepté et décrypté un échange de messages entre le gouvernement japonais et son ambassadeur à Moscou, qui le prouvait formellement. La seule condition mise était que cette capitulation se fît dans l’honneur, et que l’empereur Hiro-Hito, personnage sacré, fût conservé sur son trône -ce qui eut lieu finalement. Parlant de « capitulation sans conditions », l’ultimatum des Alliés anglo-saxons et nationaliste chinois, lancé au Japon le 26 juillet depuis Potsdam, ne pouvait que fermer cette voie, tandis que Truman avait ordonné dès le 17 juillet l’emploi des bombes disponibles « dès que possible à partir du 2 août ». Ainsi, ces deux bombes, transférées et préparées dans la fièvre sur l’île de Tinian, n’ont pas hâté la capitulation japonaise mais au contraire contribué à la retarder. L’autre « grande raison », invoquée après coup par certains historiens, est que le président Truman aurait voulu empêcher l’expansion soviétique en Extrême-Orient, et faire étalage de la puissance américaine en vue de la future « guerre froide », qu’il aurait pressentie. Il s’agit là d’une illusion rétrospective. La « guerre froide » débute véritablement en 1947, et ses prémisses dans l’esprit de Truman ne remontent guère en deçà de janvier 1946, où l’on observe de sa part un revirement à l’égard de Staline et « des Soviets ». Les raisons véritables des bombardements de Hiroshima et Nagasaki se situent plutôt ailleurs. Elles sont de trois ordres. D’une part, les Américains avaient des comptes à régler avec les Japonais, qui les avaient traitreusement attaqués à Pearl Harbour. C’est d’ailleurs par là que Truman commence son discours radiodiffusé du 9 août, le souci affiché d’abréger la guerre et d’épargner des vies américaines ne venant qu’en seconde position. D’autre part, les bombes étaient là, elles avaient mobilisé 130 000 personnes, exigé un effort financier, scientifique et militaire considérable, qu’il convenait de justifier : il fallait donc les utiliser. Enfin, last but not least, la pure et simple volonté de puissance, tant comme affirmation d’une écrasante domination de l’autre que comme maîtrise quasi-divine (par délégation en quelque sorte) et en fait diabolique, de la nature physique, a certainement joué un rôle déterminant, quoique inavouable. Une partie des savants (pas tous), une partie des militaires (pas tous), une partie des dirigeants politiques américains (pas tous non plus) voulaient savoir et voir in vivo de quoi ils étaient capables. C’est eux qui, dans le secret, firent prévaloir cette décision. La volonté de puissance est, hélas, toujours présente dans notre monde. C’est elle qui a motivé l’acquisition et motive la conservation des armes nucléaires par 9 Etats sur 194 Etats membres de l’ONU. C’est elle qui impose que nous nous mobilisions, aux côtés des hibakusha, pour exiger l’abolition de ces armes diaboliques. Intervention de Marie-Line Cheminade, Première adjointe au Maire de Saintes Nous sommes aujourd’hui réunis pour commémorer le 70ème anniversaire des deux bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. A Saintes, la Flamme du Désarmement Nucléaire, allumée pour la première fois en mai 2001 par Mme Schmitt, maire de Saintes à cette période, est rallumée régulièrement depuis lors le 6 août, en mémoire des victimes d’Hiroshima. Le 9 août, elle sera éteinte à 11h 02 (l’heure du bombardement) en mémoire des victimes de Nagasaki. Saintes a reçu en 2004 la visite de la Mission d’Hiroshima pour la Paix mondiale, au cours de laquelle deux survivants de la Bombe (hibakusha), ont rallumé la Flamme du Désarmement Nucléaire près du monument aux morts et l’ont portée à travers la Ville. La ville a accueilli en 2004, 2006 et 2008 des Rencontres Internationales pour le Désarmement nucléaire, biologique et chimique, au cours desquelles ont été plantés les arbres d’Hiroshima et de Nagasaki, deux gingko biloba. Saintes a accueilli en 2009 la Marche mondiale pour la paix et la non-violence, accompagnée par la Flamme d’Hiroshima. Le 6 août 1945 une bombe à uranium explosait sur Hiroshima.Trois jours après, une bombe au plutonium était larguée le 9 sur la ville de Nagasaki. Cette arme qu’est la bombe atomique marque au 20ème siècle le recul de l’humanité. La célébration de la mémoire de nos guerres, perdues ou gagnées, mais surtout baignées de sang et de destructions, doit nous aider aujourd’hui à comprendre ce qu’est le progrès et à y travailler pour que « Plus jamais ça ». Intervention de Catherine Quéré, députée de Saintes et Saint Jean d’Angély Les guerres engendrent toujours leurs lots d’abominations, mais à Hiroshima et à Nagasaki on a atteint le maximum de l’horreur. Il est de notre devoir de perpétuer la mémoire de ceux qui sont morts, par respect pour eux, et pour que nos jeunes sachent combien il est important de lutter contre les armes nucléaires.... Je tiens à remercier l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire et son président pour leur constance à perpétuer la mémoire des victimes de cette atrocité, et pour leur pugnacité dans la lutte pour l’abolition des armes nucléaires. Je me suis associée et continuerai de m’associer à cette lutte aussi longtemps qu’elle sera nécessaire. Aujourd’hui, nous rendons hommage aux victimes de la bombe atomique et nous exprimons notre solidarité avec les hibakusha. Intervention de Brigitte Favreau, Conseillère départementale de Saintes Saintes est, avec Saint Pierre d’Oléron, l’une des deux villes de France à la fois membres du réseau mondial "Abolition 2000" et celui des "Maires pour la Paix", qui tous deux réclament l’abolition des armes nucléaires conformément à la charte de l’ONU et au droit international . "Abolition 2000" rassemble plus de 2000 ONG et municipalités à travers le monde, les "Maires pour la Paix", plus de 6700 villes dont une centaine en France. En ce 70e anniversaire des bombardements qui ont plongé l’humanité dans l’angoisse permanente d’une apocalypse nucléaire , toujours possible alors que subsistent 16 000 bombes atomiques bien plus puissantes que celles d’Hiroshima et de Nagasaki, nous disons avec les hibakusha : "Plus jamais ça ! ". Intervention de Benoît Biteau, vice-président du Conseil régional Poitou-Charentes Je n’ai rien préparé, mais d’abord un grand merci à Jean-Marie Matagne et aux membres de l’association ACDN, d’avoir organisé cet événement de commémoration, et aux anciens combattants de leur présence. Je souhaite revenir sur l’évocation, par Jean-Marie, des différentes formes de guerres. Il y a celles que nous connaissons bien, ces grands conflits armés dont nous aimons commémorer la fin à chaque anniversaire. Il y a celles moins manifestes, comme la guerre froide, qui n’a pas tardé à s’installer sur les cendres de la seconde guerre mondiale. Rétrospectivement, les adeptes de l’arme nucléaire ont tenté d’en justifier l’emploi en lui attribuant pour intention d’éviter ou de contourner la guerre froide. Et il y a celle actuelle, oui actuelle car nous sommes encore en guerre, presque invisible et pourtant digne héritière de l’usage de l’arme nucléaire et qui trouve ses fondations dans l’émergence du plan Marshall. L’industrie militaire a finalement choisi, après nous avoir donné l’illusion que les « vertus » de l’usage de l’atome militaire auraient pu mettre un point final de cette seconde guerre mondiale, de jeter son dévolu, pour se reconvertir, sur le développement de l’agriculture productiviste. Les fabricants de chars sont devenus fabricants de tracteurs, et les fabricants d’armes devenus producteurs de pesticides et de semences OGM. Les stratèges militaires ont donc choisi l’alimentation pour continuer de contrôler le monde, tout en développant des activités économiquement très lucratives, au détriment de l’intérêt supérieur des générations futures. Nous devons donc prendre conscience que cette « guerre », comme les autres dont elle est la digne héritière, menacent l’avenir des générations futures, et dans des logiques humaines et humanistes, entrer en résistance contre ces menaces ultimes que représentent pour l’humanité le nucléaire, qu’il soit civil ou militaire, les pesticides et les OGMs. Stéphane Hessel nous invitait à l’indignation, je vous suggère de maintenant dépasser l’indignation à la lumière des dégâts constatés par leurs usages et d’entrer en résistance au service de la Paix et de la Vie ! Intervention de Georges Mounier, pour les Anciens Combattants L’Union Locale d’Associations d’Anciens Combattants de Saintes (l’U.L.A.A.C.), invitée, s’associe à la cérémonie organisée par l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN) pour la commémoration du 70e Anniversaire des largages des bombes atomiques américaines le 6 août 1945 à 8h 15, heure locale, sur Hiroshima, occasionnant la mort de près de 80 000 personnes, portées fin 1945 à 140 000, et le 9 août 1945 à 11h 01, heure locale, sur Nagasaki, faisant aussi des milliers de morts. A cette époque, en 1945, la Mort avait beaucoup de pseudonymes : Auschwitz, Dachau, Oradour-sur-Glane… S’ajoutera en août ce qu’on appellera la fission nucléaire, « Little Boy », « Petit Bonhomme » ou « P’tit Gars » : c’était un joli nom pour la mort ! Les rayonnements vont entraîner chez les victimes survivantes, les « hibakusha », des cancers, des leucémies, des naissances avec malformations. 313 000 personnes auraient été irradiées. Anciens Combattants que nous sommes, nous avons répondu à cette invitation pour exiger l’abolition des armes nucléaires. Intervention de Patrick Moquay, ancien maire de Saint-Pierre d’Oléron On m’a demandé de lire le message que le maire d’Hiroshima a adressé à ACDN, et c’est bien volontiers que j’ai accepté. Avant de lire ce message, je voudrais ajouter quelques réflexions personnelles. C’est très naturellement que, lorsque j’ai été élu maire, j’ai proposé au conseil municipal d’adhérer aux Maires pour la paix et au réseau Abolition 2000. L’arme nucléaire est une arme profondément immorale. C’est une arme de destruction massive qui, par nature, vise les populations civiles. Aucun maire ne peut sans sourciller accepter que la population de sa commune, de sa ville, soit ainsi délibérément prise pour cible. Le drame vécu par les populations d’Hiroshima, puis de Nagasaki, ne peut laisser insensible les élus municipaux. Les maires, qui ont la responsabilité de protéger leur population, devraient être en première ligne dans les combats pour l’abolition de l’arme atomique. De ce point de vue, je ne peux que regretter le peu d’engagement du monde municipal français sur cette question du refus des armes nucléaires, à la différence d’autres pays développés. D’autant qu’il ne s’agit pas de demander je ne sais quelle lubie, mais simplement de faire respecter les engagements pris par la communauté internationale, et par notre pays, en oeuvrant pour la suppression des armements nucléaires existants et en interdisant toute nouvelle arme nucléaire. Ce n’est pas être irresponsable que de demander que soient supprimés des armements scandaleux et que soient ainsi respectés et mis en œuvre les engagements pris par toutes les grandes nations concernées ; c’est au contraire être profondément responsables, et soucieux de la préservation des populations dont nous avons la charge. Cette cause transcende les clivages politiques et partisans et devrait rallier tous ceux qui se reconnaissent dans une approche humaniste, solidaire et fraternelle. Elle renvoie à notre responsabilité d’élus mais, au-delà, elle relève simplement de notre conscience d’humains. Saintes, 6 août 2015 SAINTES, CEREMONIE DU 9 AOÛT 2015 La météo des derniers jours semble vouloir imiter celle qui prévalut sur le Japon il y a 70 ans. Ce matin du 9 août 2015, la pluie tombe drue sur Saintes, décourageant un certain nombre de personnes de prendre part à la cérémonie commémorative du bombardement de Nagasaki. Une bonne trentaine de courageux sont néanmoins présents, dont de nouvelles personnes qui viennent ajouter leur flamme à celles allumées le 6 août. Peu avant 11 heures, la pluie cesse, permettant à la cérémonie de commencer, par une minute de silence. Symboliquement, celle-ci a lieu entre 11h 01 et 11h 02, le temps que « Fat Man », la bombe au plutonium, mit pour tomber de la soute du « Bock’s Car » avant d’exploser sur Nagasaki. Après cet hommage silencieux et grave aux victimes, les circonstances qui s’enchaînèrent pour aboutir à cette explosion sont exposées par le président d’ACDN, qui en avait révélé l’histoire méconnue en août 2000. Le pourquoi et le comment de ce bombardement ne laissent pas d’interpeller les auditeurs. Ils montrent à quel point des facteurs contingents peuvent se conjuguer pour sceller le destin d’une ville, lorsque celle-ci est placée sous la menace d’une bombe atomique. Ce qui est aujourd’hui le cas d’à peu près toutes les villes et toutes les régions du monde. Les élus présents, Marie-Line Cheminade et Benoît Biteau, interviennent comme ils l’avaient fait le 6 août. L’assistance entend ensuite des poèmes de Carole Le Kouddar, lus par celle-ci. Puis, en l’absence d’Aline, la chanteuse que le mauvais temps a privée de sa voix, trois choristes improvisés entonnent la chanson de Georges Moustaki : « Hiroshima », dont l’assistance reprend les paroles. Enfin, un jeune participant, Guillaume, vient éteindre la Flamme du Désarmement Nucléaire, suivi par les autres participants qui éteignent les bougies individuelles. Jusqu’à la prochaine occasion de rallumer la Flamme, qui se présentera le 23 octobre 2015, à l’ouverture des Rencontres pour un Monde Vivable Dénucléarisé. Jean-Marie Matagne : Pourquoi Nagasaki fut bombardée... Mesdames, Messieurs, Aujourd’hui, il pleut sur Saintes, et nous ne savons pas ce qui se passe au-dessus de nos têtes. Les habitants de Nagasaki le surent encore moins que ceux d’Hiroshima, lorsque le ciel leur tomba sur la tête. Le 6 août 1945, le soleil brillait au-dessus d’Hiroshima, la matinée était lumineuse, visibilité 10 miles, ce qui allait permettre à l’Enola Gay de viser sa cible, conformément à la consigne qui exigeait de bombarder à vue et non pas au radar. Peu avant 8h, heure locale, les sirènes annoncèrent l’approche d’un avion ennemi, qui scintilla bientôt dans le ciel, à haute altitude. Mais peu de gens prirent garde à cette alerte, car une heure plus tôt, un avion était déjà passé sans rien larguer et cette scène se répétait chaque matin sans qu’Hiroshima soit jamais bombardée. La ville échappait inexplicablement au martyre des autres villes japonaises. Cette fois, l’avion largua une bombe. Elle explosa à 8h 15, faisant immédiatement 80 000 morts et à peu près autant dans les jours et les mois qui suivirent. Le 9 août au matin, ce fut le tour de Nagasaki, qui avait subi depuis avril le même « traitement de faveur » qu’Hiroshima. Le matin du 8 août, l’annonce d’une grosse dépression arrivant sur le Japon avait incité l’état-major spécial du général LeMay, établi sur l’île de Guam auprès du Q.G. du général Spaatz, à décider ce second bombardement en l’avançant de deux jours par rapport à ce qui était prévu, et sans en référer à Washington ni solliciter un nouvel ordre du président Truman : la « fenêtre météo » favorable à un bombardement à vue avait toute chance de se refermer définitivement. Pour le général du génie Leslie Groves, qui avait dirigé le « projet Manhattan » après avoir construit le Pentagone, comme pour ses proches collaborateurs présents sur place et pour la vingtaine de scientifiques qui, sur l’île de Tinian, se hâtaient d’apprêter la troisième et dernière bombe disponible, il ne fallait surtout pas laisser filer la « chance » de l’utiliser avant la capitulation japonaise. Baptisée « Fat Man » (« Gros Mec »), elle promettait encore mieux que « P’tit Gars » (« Little Boy »), car elle était du même type que celle au plutonium brillamment expérimentée le 16 juillet à Alamogordo, dans le désert du Nouveau Mexique. Hiroshima, l’une des trois cibles finalement retenues, étant déjà rayée de la carte, cinq B-29 au lieu de six précédemment, participèrent à cette nouvelle mission : deux éclaireurs vers Kokura et Nagasaki, le « Bock’s Car », qui portait la bombe, et deux avions d’observation. Le mauvais temps et les tempêtes traversées entre Tinian et l’île de Kyūshū furent à l’origine d’une série de déboires : des dérives, une consommation excessive de carburant, un rendez-vous manqué, une avarie de radio... A l’arrivée au-dessus de Kyūshū, le « Bock’s Car » se dirigea d’abord vers Kokura, sa cible principale, au-dessus de laquelle il tourna vainement car elle était masquée par un plafond nuageux. Aux commandes de l’appareil, le jeune major Sweeney (25 ans) dut prendre le chemin du retour, en passant par Nagasaki. Au moment où son radar lui permit d’identifier la ville, le « Bock’s Car » ne disposait plus d’assez de carburant pour rejoindre sa base de départ dans le Pacifique, l’île de Tinian, ni même l’île d’Iwo Jima, plus proche. Sa seule chance d’éviter un crash en mer avec une bombe atomique à bord était d’atteindre l’île d’Okinawa. C’est ce qui eut lieu effectivement, avec les dernières gouttes de carburant. Mais pour ce faire, il devait s’alléger de sa bombe, qui pesait près de cinq tonnes. Privé de tout contact radio avec sa base, livré à lui-même, Sweeney consulta rapidement trois membres de l’équipage, et à eux quatre ils décidèrent d’amorcer la bombe et de la larguer au radar, contrairement aux ordres. Au dernier moment, les nuages laissèrent entrevoir des portions de la ville, ce qui permit au bombardier de modifier un peu son réglage. Il largua la bombe peu après 11 heures 01, heure locale. Elle explosa à 11h 02, environ 600 mètres au-dessus de Nagasaki. Ce bombardement approximatif et la topographie vallonnée de la ville expliquent que « Gros Mec », quoique plus puissant que « P’tit Gars », ait fait moins de victimes : au total, peut-être 80 000, dont le sort s’explique par une défaillance technique supplémentaire. En effet, une réserve de 600 gallons de carburant aurait pu éviter à l’équipage de prendre sa décision fatale ; mais le carburant refusait de couler. Ainsi, en dernière instance, les morts de Nagasaki doivent leur destin à un vulgaire tuyau bouché. C’est une défaillance technique du même genre qui faillit précipiter le monde dans une guerre nucléaire pendant la nuit du 25 au 26 septembre 1983, lorsque le système de radars soviétique annonça à tort des départs de missiles américains. Si le lieutenant-colonel Petrov, de garde ce soir-là au Kremlin, n’avait décidé de traiter l’alerte comme une fausse alerte, nous ne serions pas là pour en parler, ni pour honorer la mémoire des morts d’Hiroshima et de Nagasaki, ni pour refuser que le passé de ces deux villes ne préfigure l’avenir de la nôtre, de toutes les autres. Peu importe la météo, il est plus que temps de débarrasser la planète de ces armes monstrueuses. Poèmes de paix Un monde vivable « Nos chemins se croiseront puisque nos rêves se ressemblent... » Je veux croire que chaque homme « Nos désirs s’uniront si ces maux nous rassemblent ... » Fantasme ! Leurre ! Espoir ! « Nos idées bâtiront quelques possibles ensemble … » *** Tolérance zéro Pour toutes les mères, Pour toutes les guerres, Pour toutes les croix, Pour les grands-pères, Pour les p’tits frêres, Pour qu’un jour enfin, Pour que le chagrin A tous les hommes, à mon mari, Je pleure. HIROSHIMA Par la colombe et l’olivier, Avec les mots de tous les jours, Par tous ceux qui sont déjà morts, Avec les faibles, avec les forts, Par tous les rêves piétinés, LA PAIX ! Photographie de Kazumi Matsui : Internet.
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